Sororité : nom féminin du latin soror (signifiant « soeur » ou « cousine ») qui désigne une solidarité entre femmes. « Sororité » est l’équivalent féminin du mot « fraternité ». Voilà comment on pourrait résumer le documentaire « Soror Sonore », sorti aujourd’hui sur YouTube.
« Soror Sonore » est un web-documentaire réalisé par Kahina At Amrouche-Hachi et Céleste Ramis qui fait un état des lieux de la place des artistes féminines dans l’industrie musicale, mais pas seulement. Les deux réalisatrices sont allées à la rencontre de femmes qui font bouger les choses, de manières différentes, avec des moyens différents, mais avec un seul et même objectif : faire exister les femmes dans ce monde dominé par les hommes.
Des convictions avant tout
C’est un travail de quatre mois entre conception, réflexion, tournage et post prod qui sort aujourd’hui sur YouTube. Respectivement originaires de Paris et de Rouen, Kahina et Céleste se sont rencontré au DUT info-com de Montreuil. Dans le cadre de leurs études, il leur a été demandé de réaliser un projet. Mais c’est bien plus que cela qui a été conçu. On a le droit à quelque chose qui tenait vraiment à cœur aux réalisatrices : « Lorsqu’on s’est rencontrées, on s’est rendu compte qu’on avait toutes les deux pour but de travailler dans le secteur de la musique. On s’est dit que ça serait sympa de faire un projet mélangeant la musique et nos convictions. »
Choisir ce sujet et faire prendre conscience du manque de visibilité des femmes dans l’industrie musicale a été essentiel pour les deux réalisatrices. Pour Kahina, c’est l’accumulation d’articles et de statistiques accablantes qui lui a donné envie d’en parler et de s’investir pleinement dans ce projet : « Avec Céleste, on a voulu ajouter notre pierre à l’édifice, tenter d’ajouter notre voix à celles de pleins d’autres femmes qui essaient de faire du bruit, comme nous. »
Pour Céleste, c’est la lecture du manifeste F.E.M.M paru dans Télérama en avril 2019 qui a été le déclic, comme expliqué dans le documentaire.
Faire bouger les choses
Pour ce faire, Céleste et Kahina ont rencontré Mona le Gouche, Safia Nolin et Apolline Bazin. Mona le Gouche dirige le label indépendant Indécents, qui vise à promouvoir des artistes féminines francophones. Safia Nolin est une chanteuse québécoise féministe qui a vécu de l’intérieur le sexisme ordinaire dans le monde de la musique, encore plus en France qu’au Québec d’ailleurs. Apolline Bazine est journaliste, co-fondatrice du média Manifesto XXI, et met en avant les problématiques féministes dans ses articles.
Comme elles l’expliquent dans le documentaire, ces trois femmes mènent des actions concrètes pour faire évoluer la situation : au-delà d’un militantisme assumé, le plafond de verre n’a jamais été aussi proche d’éclater. Des actions utiles, nécessaires, et qui surtout portent leurs fruits.
« On a l’impression que les femmes sont des chanteuses et que les hommes sont des artistes »
Voici le constat de Safia Nolin, la première à être interviewée. Elle se révolte contre l’omniprésence d’hommes dans cette industrie et des efforts supplémentaires que doivent fournir les artistes féminines pour essayer d’exister. Un constat partagé par beaucoup d’actrices du monde de la musique.
À l’aide de chiffres, d’articles et de ces trois témoignages, Kahina At Amrouche-Hachi et Céleste Ramis nous permettent de nous rendre compte du fossé qu’il existe dans l’industrie musicale, comme dans de nombreux secteurs d’activités en France.
« Ce plafond de verre, on va le péter un jour »
« Péter ce plafond de verre », voilà l’objectif de ces femmes. Des femmes qui se donnent les moyens d’atteindre cet objectif, des femmes qui doivent être entendues. C’est chose faite grâce à « Soror Sonore », 25 minutes de grande qualité avec un gros travail d’information sur ce qu’il se passe et ce qui existe pour contrer ce phénomène.
Assez parlé, voici « Soror Sonore » :