Skeezy Sensei : « 2020 sera une très belle année »

Vous l’avez peut-être décou­vert avec ses freestyles 1 minute de rap sur Insta­gram ou grâce à son récent clip “Comme dans un rêve” sor­ti le 15 févri­er dernier. Divers, indépen­dant et visuel. C’est ain­si que Skeezy Sen­sei décrit son rap. Pour appren­dre à mieux le con­naître et cern­er sa musique, In Da Klub l’a inter­viewé spé­ciale­ment pour vous.

Cécile : Peux-tu te présen­ter en quelques mots ?
Skeezy Sen­sei : Je m’appelle Yann, j’ai 22 ans et je vis actuelle­ment dans le 92. J’ai vécu au Burk­i­na Faso jusqu’à mes 18 ans. Je suis fran­co-burk­in­abé et je suis né là-bas, ma famille y habite tou­jours. Après l’obtention de mon Bac, je suis venu à Paris pour pour­suiv­re mes études. J’ai gran­di à Oua­gadougou mais je con­nais­sais déjà très bien Paris car je venais sou­vent chez de la famille. J’ai égale­ment vécu à Bor­deaux et à Cam­bridge dans le cadre de mes études.

C : Pourquoi “Skeezy Sensei” ?
SS: A la base mon nom d’artiste était “Sky­black”. Mais j’utilisais sou­vent “Skeezy” comme surnom, dû à la mode améri­caine comme Weezy pour Lil Wayne, Drizzy pour Drake ou encore Breezy pour Chris Brown. J’ai fini par con­serv­er “Skeezy”, puis j’ai rajouté “Sen­sei” pour éviter la con­fu­sion avec tous les autres “skeezy” sur les plateformes.

C : A quel âge as-tu décou­vert le rap et avec quels artistes ?
SS : J’ai réelle­ment décou­vert le rap à 13 ans. La Fouine est venu au Burk­i­na pour un con­cert en 2010 et j’y suis allé avec mes amis. Pour ne pas être trop décalé le jour du con­cert, j’ai préal­able­ment écouté Mes repères et Cap­i­tal du Crime Vol 2. Depuis ce jour j’écoute majori­taire­ment du rap, alors qu’avant ça, j’étais beau­coup plus chan­son française, pop, afro, reggae…

C : Quels sont les rappeurs qui t’in­flu­en­cent le plus ?
SS : Ceux qui m’ont réelle­ment fait com­mencer le rap c’est le trio La Fouine, Boo­ba, Rohff. Par la suite, j’ai aus­si pris une grosse claque avec Sex­ion d’assaut et du côté US j’ai été matrixé par Lil Wayne, Drake et Tyga. Aujourd’hui j’écoute vrai­ment de tout et ça dépend des péri­odes. Rien d’hyper orig­i­nal. Sur les deux dernières années, j’ai beau­coup écouté les pro­jets de Jos­man, Hamza et Dinos. Je m’attache rarement aux artistes, mais plutôt aux albums. Ce qui fait que je n’ai pas vrai­ment d’a pri­ori sur les rappeurs, unique­ment sur les titres en eux-mêmes.

C : D’où vien­nent tes prods ? Est-ce qu’il t’ar­rive d’en faire toi-même ?
SS : Vous pou­vez aller voir @_lordhk_ sur Insta­gram. C’est mon frérot avec qui on taff depuis des années, il fait beau­coup de prods pour moi. Sinon je traîne tou­jours un peu sur YouTube et je tra­vaille avec d’autres beat­mak­ers de façons plus ponctuelles. Il fut un temps où j’ai essayé de faire des prods mais je n’ai pas eu assez de temps pour me met­tre vrai­ment dessus et pro­gress­er. J’ai com­mencé la musique par la gui­tare puis le piano vers 10–11 ans. Je pour­rais peut-être rat­trap­er ça.

C : Fais-tu du rap à plein-temps ?
SS : Non car je suis encore étu­di­ant. Mais j’ai créé Blvck­crow Prod avec Lord HK, il y a une chaîne YouTube.
Avec cette struc­ture, on pro­duit quelques artistes (beats, mix­age de sons, DA et clips). Aujourd’hui je bosse beau­coup sur les clips d’autres rappeurs mais égale­ment sur des pro­jets plus larges. Je suis d’ailleurs sur un pro­jet de doc­u­men­taire pour fin 2020 : Rev­o­lu­tion Africaine par la Parole Doc­u­men­tary. (On vous en par­le à la fin de l’article).

C : Avec quel rappeur aimerais-tu faire un feat ?
SS : A mes débuts j’étais hyper chaud pour des feats, voire créer un groupe… mais vrai­ment au tout début. J’ai d’ailleurs com­mencé le rap en binôme avec mon frérot The Brain (@lovelovethebrain sur Instagram).
De manière générale, les autres rappeurs m’ont sou­vent fait tourn­er en bour­rique. Ça m’a démo­tivé et j’ai décidé de ne plus faire de fea­tur­ings saufs excep­tions. Je suis dans une optique de développe­ment per­son­nel, pour creuser mon pro­pre univers. Si tu n’apportes pas quelque chose au morceau que je ne sais pas faire, non mer­ci. Après si on me pro­pose un mec comme Hamza ou Nin­ho je ne vais pas réfléchir longtemps (rires).

C: Tu envis­ages de sor­tir un album ?
SS :Tech­nique­ment, je n’ai sor­ti que des mix­tapes jusque-là : Corps Beaux, 2 Good 2 Care et Sep­tième Ciel. Le tra­vail d’un album est beau­coup plus com­plet et plus recher­ché. J’espère avoir les moyens et le sou­tien suff­isant pour un jour en faire un. Dans tous les cas, si j’en fais un, il faut qu’il soit à 300% comme je l’imagine, ça va être dingue.

C : Quels sont tes rit­uels pour écrire ?
SS : La grande majorité du temps j’écris tard la nuit (après minu­it) ou quand je me réveille. Je ne sais pas pourquoi mais ce sont les moments où mon esprit est le plus pro­duc­tif musicalement.

C : Sur quels thèmes préfères-tu écrire et y a‑t-il des sujets que tu refus­es d’aborder ?
SS : Ça dépend vrai­ment de mon mood. Y’a des semaines je suis en mode trap. D’autres semaines, je suis plus triste, donc j’écris des textes tristes. Cer­taines semaines j’écoute que du Wiz­kid et du Bur­na Boy, donc j’enregistre que des sons afros. Je n’ai pas de préférences dans l’absolu. J’ai déjà écrit des textes sur le décès de cer­tains proches mais je ne les ai jamais enreg­istrés. Peut-être qu’inconsciemment je me refuse encore à ce sujet.

C: Dans ton titre “Comme dans un rêve” tu dis :

« Je n’ai pas peur de ce que je suis mais de ce que je deviens »

 Est-ce que tu as l’im­pres­sion d’avoir changé depuis que tu rappes ?

SS : Je suis très soli­taire et casanier de base. Par­fois j’ai l’impression que le rap accentue encore plus ce trait de mon car­ac­tère. Par­fois quand je prends du recul, je me rends compte que ça fait deux semaines que je ne suis pas sor­ti de chez moi. J’ai la tête dans ma musique 24/7 et j’oublie de voir les gens. Ça, ça me fait un peu peur. Le tra­vail m’absorbe trop. Insta­gram ce n’est pas la vraie vie, il faut faire atten­tion et s’entourer de per­son­nes qui te par­lent d’autres choses que la musique et des projets.

C : C’est quoi la suite ?
SS : Je vais essay­er de sor­tir une mix­tape en fin d’année en col­lab­o­ra­tion avec le beat­mak­er Lord HK et dévelop­per ma chaîne YouTube. Je trou­ve qu’il y a un déséquili­bre entre mon Insta­gram et YouTube. J’ai créé cette chaine il y a un mois, je vais essay­er de bal­ancer beau­coup de con­tenus visuels et orig­in­aux. Pour le reste, je préfère agir que d’en par­ler. J’ai plein de pro­jets sur le feu et si Dieu le veut 2020 sera une très belle année.

 

Révo­lu­tion Africaine par la Parole est un futur doc­u­men­taire qui met­tra en lumière l’his­toire du Burk­i­na Faso à tra­vers le hip hop. Le but est égale­ment de ren­dre hom­mage à ce genre musi­cal, très sou­vent cri­tiqué. Le rap et le hip hop sont des instru­ments cul­turels, soci­aux mais aus­si poli­tiques. Ce doc­u­men­taire per­me­t­tra d’en savoir plus sur l’his­toire du hip hop burk­in­abé qui reste encore très mécon­nu de la pop­u­la­tion du pays mais aus­si à l’é­tranger. Le doc­u­men­taire sera tourné au Burk­i­na Faso en France ain­si qu’aux États-Unis.
Pour en savoir plus c’est ici !

 

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