Elio, Mercutio, Chien, Loup,… Telles sont les identités de Sean. Du haut de ses 21 ans, ce rappeur à la créativité débordante dévoile, le 10 avril, son nouveau projet À moitié loup. Focus sur cet artiste dont les nombreuses facettes ne cessent de surprendre.
Un caméléon. Voilà le mot qui définit le mieux la personnalité de Sean. Elio, de son vrai nom, s’imprègne du rap dès son plus jeune âge. Dans la cour de récré, il est le meilleur freestyler de sa bande d’amis. Mais à l’époque, il ne s’agit que d’une passion. Le jeune Elio est bien loin de penser à une éventuelle carrière.
Ce n’est qu’au lycée que l’idée lui effleure l’esprit. Après des projets de beatmaking avortés avec des amis, il décide de s’enfermer pour écrire avec acharnement pendant un an. En 2016, « WAPEN » voit le jour. Très vite, un label le contacte pour l’aider à poursuivre ses activités musicales. Mais il s’éclipse une fois de plus pour mieux réapparaître en 2017.
Pour son retour, Elio tire un trait sur ses anciennes productions et dévoile « Souvenir » sous une nouvelle identité : celle de Sean. Avec ce morceau, il fait ses premiers pas sur la scène rap française.
Pourtant, tel un phénix, Elio disparaît une année de plus et renaît de plus belle en 2018 avec un premier EP. Cette fois, il conserve son pseudonyme Sean, mais se crée un alter-ego maléfique: Mercutio. Un personnage inspiré de Roméo et Juliette, la célèbre tragédie de Shakespeare. Si l’artiste s’amuse de cette dualité, au cours de l’album, le visage sombre de Mercutio prend le dessus sur un Sean mélancolique. À tel point que le rappeur décide d’y mettre un terme radicalement. À l’image de David Bowie et de son célèbre Ziggy Stardust — dont la carrière est une grande inspiration pour Elio —, Sean se soulage d’un poids en « tuant » son jumeau diabolique dans le morceau « Interlude ».
« Et j’ai peur d’toi, j’ai peur d’moi, j’sais plus qui j’suis, j’sais plus qui t’es frère
Eh Mercutio, j’vais t’dire un truc : lâche moi frère, meurs
Eh s’te-plaît meurs frère. » — Interlude / Sean.
À travers cette double identité, Sean a su façonner son personnage et construire son propre style, se différenciant ainsi des autres rappeurs. Même si sa communication reste discrète, elle n’en demeure pas moins efficace. Grâce à une esthétique recherchée, notamment dans ses clips, l’artiste commence peu à peu s’imposer dans le milieu.
Aujourd’hui, Elio a 21 ans et reste fidèle à son processus de création. Son élan imaginatif le pousse à se réinventer en canidé à l’occasion de sa nouvelle mixtape À moitié loup, sortie le 10 avril. Une fascination pour l’animal qui se construit suite au visionnage de White God. Un film hongro-germano-suédois réalisé par Kornél Mundruczó, qui raconte l’histoire d’une relation forte entre une petite fille et un chien.
Dès lors, tel Ovide, Elio rêve de métamorphose pour Sean. Une obsession qui va jusqu’au pseudo Instagram de l’artiste : @seanzeudog (« sean the dog » soit Sean le chien). À moitié loup est donc une confirmation de cette transformation.
Mais le renouvellement ne s’arrête pas là. En effet, Elio va plus loin et imagine un projet ambitieux scindé en deux parties : un côté animal, sombre dans un premier temps puis un côté plus humain qui sommeillent dans un même corps.
Avec ce projet, on observe un retour à la dualité présente dans les premières créations du rappeur. Une double facette qui ne le quitte pas et que l’on retrouve à la fois dans le personnage hybride (mi-homme/ mi-loup) mais également dans la forme de l’album : deux mixtapes avec des couples de morceaux (pairs et impairs) qui se font écho.
Si À moitié loup est déjà disponible depuis le début du mois sur les plateformes, il faudra patienter jusqu’au 24 avril pour découvrir la moitié « humaine » et ainsi pouvoir apprécier le projet dans son ensemble.