Ce 19 mars 2021, l’un des albums les plus attendus des deux dernières années est sorti. Le deuxième tome de la saga « JVLIVS » par le rappeur qui a fait toute l’actualité ces dernières semaines : SCH. Il s’agit d’un grand bond en avant pour le Marseillais, notamment dans l’aspect musical du projet. Aujourd’hui, décortiquons ensemble cet album qui a fait onze millions de streams dans les 24 heures qui ont suivies sa sortie.
Rentrons directement dans le vif du sujet. Il est inutile de rappeler que cet album est une tuerie absolue, encore plus fatale que Sandy Hook. Mais je pense qu’il est tout de même utile de vous livrer une analyse qui paraît pertinente.
Un renouveau musical
Ce n’est un secret pour personne que « SCH » a beaucoup changé au fil du temps. Il suffit de voir son évolution physique que je détaille dans mon dernier article sur son identité visuelle. Mais dans « JVLIVS 2 », la recherche musicale et la diversité du genre est présente. Bien évidemment, Le S s’entoure toujours des bonnes personnes et notamment à la prod. On retrouve ses fidèles acolytes du Katrina Squad , Geo On The Track ou encore Chady, déjà présents au premier tome de la trilogie. Mais quelques nouvelles têtes font leur apparition, notamment la rappeuse Meryl. Et cette belle ribambelle de beatmakers a permis à l’album d’avoir une identité sonore nouvelle. J’ai en tête l’instru de « Crack » qui utilise une rythmique de batteries qui change des 808 classiques qu’on entendrait sur un beat.
Il ne faut évidemment pas oublier la magnifique plume de notre protagoniste qui ne cesse de nous surprendre. Son storytelling qui se décline à merveille dans ses vers donnerai envie à n’importe qui de devenir un mafieux qui tape des go-fast entre Gibraltar et Marseille. Le jonglage entre les grosses punchlines kickées grâce à sa célèbre voix rauque et ses envolées lyriques chantées est elle aussi au rendez-vous. Mais ici encore, il y a de la nouveauté. Dans le morceau « Euro », son vocoder n’est pas programmé pour partir dans les aigus comme le public en a l’habitude. Tout au contraire. Il vient ici accentuer sa voix grave et donner une toute nouvelle dimension, une nouvelle casquette que porte le rappeur. De quoi surprendre tout le monde.
Les featurings
Dans tous les albums de SCH, on a eu droit à une belle liste de featurings qui ont bien souvent marqués les esprits. Cependant, dans cet album, ce n’est pas vraiment le cas. Sans compter l’intervention phare du Rat Luciano qui s’inscrit dans le thème. Mais restons plutôt sur l’album hors extensions. Deux collaborations y figurent et les deux sont problématiques. La première, qui est « Mannschaft », en featuring avec Freeze Corleone, ne semble pas très pertinente. Freeze ne vient pas s’adapter à l’univers du S, et surtout de « JVLIVS ». Il reste sur ses positions de drill et ses « S/O LINLIN ».
C’est aussi le cas pour « Mode Aimbo » en featuring avec JUL. Depuis « Bande organisée », les collaborations entre les deux artistes sont devenues coutumières. Les voir travailler ensemble n’est plus une surprise. Et ce n’est pas forcément négatif, car les morceaux sortis ensemble sont de réels tubes qui témoignent de la qualité artistique de chacun tant ils sont complémentaires. Cependant, ce morceau ne s’inscrit pas dans l’univers souhaité par SCH. Chose en partie due à la prod réalisée par son compère. Elle sort de l’ambiance de l’album. Comme un article qui ne respecterait pas une ligne éditoriale. Les deux morceaux sont tout de mêmes très qualitatifs et feront sûrement bouger des têtes en soirée.
ah ouais Jul il en a rien a faire de l’esprit JVLIVS ptdrrrr il est arrivé au studio avc sa clé USB remplies de prod_qui_pete_sec.mp3 SCH il a fermé sa gueule
— Diego 😿🇵🇪 (@WeshDiego) March 18, 2021
On a rangé la peau d’ours
L’une des critiques que j’ai entendues vis-à-vis de l’album portait sur son manque de storytelling. Comparé au premier tome, où les interludes et les morceaux se suivaient à merveille, les premières écoutes peuvent sembler saccadées ici. Comme s’il n’y avait pas de continuité. Mais ce n’est pas le cas.
Dans le court-métrage sorti la veille de l’album, la styliste de SCH a confié qu’ils étaient en constante recherche vestimentaire, et que faire réapparaître la peau d’ours emblématique serait une faute ici. Et justement, repartir sur le même fil conducteur que le premier tome aurait été une erreur. « JVLIVS » a permis d’établir l’univers, le personnage, que ce soit son passé (notamment son père), ou la place qu’il occupe dans son entourage. Tout est déjà mis en place et maintenant, il faut faire tourner la machine.
Ce deuxième opus montre JVLIVS dans son action, dans sa vie active. Et tout ce chaos, toutes les emmerdes présentes dans sa profession sont représentés par cet esprit peu organisé de la tracklist. Cela ne veut pas dire qu’il n’y pas d’organisation, bien au contraire. Il y a un enchaînement qui part de l’énervement sur les trois premiers morceaux (« Marché noir ; Fournaise ; et Aluminium », qui se fini par de la mélancolie (« Mafia ; Loup Noir »). On développe ici ce personnage sanglant qui, à la fin de la journée, reste un homme avec des failles.
Dans son ensemble, « JVLIVS 2 » est une réussite absolue et il marquera sûrement les esprits. D’autant plus qu’il creuse l’appétit pour le troisième album. Avant de vous quitter, je vous laisse aller écouter mon top 3 qui est composé des sons suivants :