Salut à tous et bienvenue dans ce nouveau Spotlight ! Cette semaine, c’est le jeune Suédois Einár qui est posé sous les projecteurs. Cela fait un petit moment que l’on ne vous a pas présenté un rappeur dans la catégorie internationale, mais vous le savez déjà, chez InDaKlub, on adore la diversité. Faisons ainsi le point aujourd’hui sur cet artiste scandinave et sa portée au niveau national, voire international !
La suède, pays émergeant du Hip-hop
Il y a maintenant quelques mois, on vous avait proposé une playlist « Sélection Rap Tour du monde » constituée de rappeurs provenant d’une multitude de pays autour du globe. L’objectif étant de vous montrer que le rap n’existe pas seulement en France ou aux États-Unis, mais qu’il s’est bien propagé dans les quatre coins du monde. La Suède fait naître depuis quelques années de véritables talents explosifs sur la scène du Hip-hop : Yung Lean, Dree Low et Einár ne sont qu’une minorité des noms à retenir. Voici un petit amuse-bouche :
Avant de développer, étudions un peu ensemble l’histoire derrière la montée du rap dans ce pays nordique. Concernant le milieu de la Pop, il n’y a aucun doute que la Suède faisait partie de la crème de la crème avec des groupes comme Roxette ou ABBA dans ses rangs. Le Hip-hop suédois se développe dans les années 80 et 90 grâce à la mondialisation de ce « nouveau » style de musique. Comptant peu de passionnés à ses débuts, le Hip-hop regroupe principalement des graffeurs et des breakdancers. Le lieu culte où se rencontrent ces premiers fans en Suède est le parc Kungsträdgården à Stockholm, équivalent de ce qu’a pu être le Trocadéro à Paris.
La scène rap suédoise commence à se former à partir des années 90 grâce à plusieurs groupes. Le duo Infinite Mass influence toute une génération, leur album The Infinite Patio se vend à plus de 200 000 exemplaires et ils écrivent en anglais. C’est uniquement en 1994 que sort un des premiers albums rappés entièrement en suédois, Välkommen till förorten (Bienvenue en banlieue) composé par le groupe The Latin Kings (TLK). D’autres encore seront à l’origine de la propulsion de ce style sur le devant de la scène médiatique, comme Ken Ring et Petter, de véritables légendes du rap suédois.

Aujourd’hui, la Suède connaît de nombreux rappeurs et rappeuses avec une diversité exceptionnelle grâce des influences multiples. Très influencé par le rap américain, le Hip-hop suédois a évolué pour prendre sa propre identité. Les barrières tombent et on a un mélange de cultures. De plus, les femmes ont une place importante dans le rap suédois avec chacune apportant quelque chose de nouveau dans son style. Parmi elles, on peut citer Linda Pira, Silvana Imam ou encore Cherrie.
Après vous avoir contextualisé la montée du rap en Suède, découvrez maintenant l’un des plus jeunes cracks présent sur la scène de rap suédoise avec un potentiel hors du commun : Einár !
Deux ans suffisent pour Einár
Nils Erik Kurt Einár Grönberg grandit dans la capitale du pays, à Stockholm, et se met très vite à faire du rap, notamment sur les réseaux sociaux. Einár a eu la majorité en septembre dernier, il fait partie de la génération qui a grandi avec internet et les réseaux sociaux. Déjà adolescent, il commence à publier des vidéos de lui en train de rapper sur Instragram.

C’est en 2018 qu’Einár attire plus d’attention avec la chanson « Duckar Popo » publiée sur YouTube accompagnée d’un clip. En avril 2019, ce morceau a dépassé le million de vues, ce qui est déjà énorme pour lui à cette époque. Mais ce sera en mars 2019 avec « Katten i trakten » qu’il va percer : numéro un des charts suédois pendant trois semaines. Un véritable carton pour le jeune Einár âgé de seize ans, et les chiffres parlent d’eux-mêmes un mois après sa publication ; 11 millions de streams sur Spotify et 2,5 millions de vues sur YouTube.
Einár enchaîne les sorties réussies, et son prochain single « Rör mig » dépasse les 500 000 streams sur Spotify en moins de 24 h. L’artiste obtient même son premier prix P3 Guld décerné par la radio suédoise pour son morceau « Katten i trakten ». La prochaine étape sera franchie un peu plus tard en 2019 avec la publication de son premier album Första Klass (Première classe). Pour anecdote, le morceau éponyme de ce disque est construit sur le beat de la chanson « Reine » du rappeur français Dadju.
En Suède, le youngster est adoré, son talent et sa productivité impressionnent plus d’un. Et oui, Einár enchaîne sans pause sur le deuxième album studio NUMMER 1 qui sort également en 2019. Les deux disques sont numéro un en Suède, puis lui permettent également de remporter deux prix supplémentaires à la cérémonie du Grammisgalan 2020 dans les catégories « Hip-hop of the Year » et « Newcomer of the Year ».
Une énergie inégalable
Même en cette année spéciale que nous traversons en 2020, Einár maintient son explosivité et nous a déjà posé deux nouveaux albums. Welcome to Sweden voit le jour en mai de cette année avec huit titres sur le projet. C’est dans cet album que l’on avait notamment pioché quelques titres pour compléter notre première playlist Sélection Rap Tour du monde, puisque ceux-ci figuraient parmi les top titres en Suède.
Moins de cinq mois plus tard, le jeune rookie de Stockholm nous plante son quatrième album studio qui le décrit parfaitement : Unge med extra energi (garçon avec énergie extra). Sur la cover de ce dernier, Einár n’hésite pas à montrer ses nombreuses certifications acquises au cours de sa carrière si récente :

Il faut savoir qu’Einár ne publie ses projets sous aucun label, en toute autoproduction. Unge med extra energi comporte neuf titres avec plusieurs featurings. On y retrouve notamment les rappeurs suédois Sami, 5iftyy et Moewgli. Sur Spotify, trois semaines après la publication, le Top 3 des morceaux les plus écoutés jusqu’à maintenant sont : « Pop Smoke » ft. 5iftyy, Moewgli (7,2 millions de streams), « Feelings » ft. Sami (4,5 millions de streams) puis « Unge med extra energi » (2,5 millions de streams).
Le rappeur de 18 ans accumule actuellement près d’un million d’auditeurs mensuels sur Spotify, ce qui le place largement au-dessus de la concurrence nationale qui, en moyenne, dépasse rarement les 600 000. Seul Yung Lean peut rivaliser avec Einár avec quasiment la même audience. Après vous avoir parlé de tous ces chiffres et de tout ce qu’a réussi à accomplir Einár en l’espace de deux ans, son talent et son potentiel ne sont plus dissimulables.
À l’échelle nationale, aucun fan de rap ne peut ignorer ce phénomène, même s’il y a sûrement des personnes qui accrochent moins avec la musique du jeune artiste. Arrivera-t-il à se développer davantage à l’international ? Honnêtement, il y a peu de chances. La langue est le principal élément qui joue en sa défaveur puisque peu d’auditeurs écoutent du rap sans comprendre ce que raconte l’artiste.
Le futur nous le dira, mais vous pouvez contribuer à changer cela et streamer fort ses projets qui font vraiment preuve de qualité, ce qui n’est pas garanti à cet âge ! Une seule chose est sûre, il a une grande carrière devant lui.