Le 29 Novembre, DOC OVG publiait la mixtape 39–45. Un nouveau projet d’un des rappeurs du 667, prouvant à nouveau l’étendue des talents de ce crew si énigmatique. Retour sur un projet sombre, brut, et super-efficace, produit par DMILune et mixé par Flem.
Après la sortie de deux singles teasant le projet (Mode Sport et Silicone), le DOC a enfin publié sa mixtape 39–45, illustrée par le clip de Silicone. Après Osirus Jack, c’est au tour de DOC OVG de sortir de l’ombre, avec un projet de 10 titres plus obscurs les uns que les autres. C’est un des points forts de l’artiste : conjuguer la violence et la brutalité de ses propos à des prods lourdes et imposantes, aux atmosphères ténébreuses et denses.
C’est le producteur DMILune qui réalise toutes les instrumentales de 39–45, ce qui permet une cohésion entre les morceaux et leurs différentes ambiances. Certains morceaux ont un aspect banger trap, mais d’autres sont plus osés et innovants, renforçant la singularité de l’univers du DOC. Certaines productions utilisent des bruits et sons presque dissonant, étranges, renforçant le climat lourd et pesant des différents titres (s/o Les 9, cryptique et terriblement prenant). Entre des prods sombres, parfois oppressantes, et des flows violents et surprenants, le rappeur nous offre un projet cohérent et abouti, mais surtout réellement créatif.
DOC OVG s’illustre à nouveau par ses flows « déstructurés ». De plus, il pousse davantage sa voix et on y ressent la rage de ses textes, notamment sur des morceaux comme Jacte. Oscillant entre flows trap plus « classiques » et passages violents et agressifs, le DOC conçoit un projet équilibré et éclectique. Cette manière de rapper, associée à des textes crus allant droit au but fait la force de l’artiste. On retrouve évidemment des phases/titres purement égo-trip, (le single Mode Sport, incroyablement percutant), appuyés par les grosses basses des prods composées par DMILune.
Le Docteur a néanmoins su doser équitablement les différents aspects de sa musique. On en apprend d’ailleurs un peu plus sur lui : tantôt sur son crew ou son parcours, tantôt sur sa vision du rap-game et par extension de la société. Les membres du 667, sous couvert de gros bangers et de théories du complot, délivrent beaucoup de messages et d’informations dans leurs titres. C’est d’ailleurs ce qui rend leur univers si intéressant.
« Les 9, OV, les 9,
han, les 9, OV, les 9,
on les survole comme les 9, OV DOC dans l’clan,
avec les reufs, chaque respirations j’fuck un keuf, »
Les 9
Tout ce qui gravite autour de la Ligue des Ombres reste crypté. Malgré de plus en plus de featuring avec d’autres artistes, les membres de l’Ekip demeurent dans l’ombre. C’est en « étudiant » leurs titres qu’on en apprend davantage sur eux et leur vision du monde. On retrouve de nombreuses théories du complot dans leurs créations (Doc OVG parle par exemple du projet MK Ultra dans Silicone). C’est à travers toute cette symbolique codée (NRM, FFO, LDO…) que les membres du MMS rappent une autre façon d’analyser ce qui nous entoure, et le monde dans lequel nous vivons. Au final, les revendications sont toujours là : dans la pénombre, le crew dénonce certaines inégalités, notamment en Afrique, (Bâton Rouge de Freeze Corleone) et se veut critique envers politiques et dirigeants. DOC OVG le montre bien dans 39–45, particulièrement dans Intro, véritable ode à toutes les valeurs de la secte.
« Fufu s’plaint de sa vie d’merde, vois pas qu’il porte des chaînes, et les négros qui traversent la mer, qui crèvent, dans l’eau et l’sel »
Intro
En bref, le Docteur OVG offre à son public une mixtape des plus réussie. Ses flows uniques et les prods obscures de DMILune constituent un univers à part entière au sein de la 6secte. C’est ce qui rend le projet si original et novateur, et offre ainsi une vision autre du crew, à travers certains membres moins connus que son chef de file. S/O grave au featuring avec Freeze Corleone, 10, où l’on retrouve Chen Zen fidèle à lui-même, découpant le dernier titre du projet. On attend la suite avec impatience, et les nouveaux morceaux de 39–45 joués en live ! Ekip