Aujourd’hui, l’heure est à la jeune rappeuse Illustre. Issue de la scène clermontoise, elle nous emmène dans son univers poétique aux notes engagées, et est loin d’avoir dit son dernier mot.
Solitude
Comme la plupart des artistes, Illustre ‑de son vrai nom Claire Toribio- puise dans ses sentiments les plus intimes pour écrire. Dans « Mutisme » par exemple, la rappeuse explique sa difficulté à faire face aux problèmes qu’elle rencontre au sein de son couple :
« Je sais que je n’ai jamais su parler, mais je ne voulais pas dire des choses que j’aurais pu regretter »
Bien qu’elle n’entre pas dans les détails, le morceau est empreint d’une certaine nostalgie puisque l’on comprend que l’histoire d’amour en question est terminée.
« Malheureusement, tu ne m’aimes plus qu’au passé »
Elle décrit la tristesse qu’elle ressent face à cette séparation tout en expliquant la difficulté de passer à autre chose.
« J’ai tout perdu, je pensais que notre histoire était suspendue »
Dans « Eclipse », la solitude ressentie par l’artiste est d’autant plus palpable, et contraste avec l’éclat de la voix de la chanteuse japonaise Emiko Ota. Illustre fuit « à ne plus comprendre les choses » et « reste figée dans les contes de [sa] prose », comme si l’écriture était à la fois une prison mais aussi et surtout une issue.
« Je me suis trouvée dans la perte, j’ai pu gagner dans l’effort »
Poésie
Si quelqu’un vous dit un jour que le rap n’a rien à voir avec la poésie, faites lui écouter « A la recherche des mots perdus ». Dans ce morceau, Illustre déclame tout ce qu’elle a sur le cœur et on se prend une véritable gifle. À mesure qu’elle parle de la perte de la fille qu’elle aime, la voix de la jeune femme tremble et à certains moments du morceau, on pourrait presque croire qu’elle pleure.
« Je me sens maintenant étouffée par les fracas de tes soupirs »
Mais ce titre n’est pas qu’une ode lyrique. Illustre montre toute l’ampleur de son talent en utilisant des mots aiguisés, des oxymores et des métaphores désenchantées :
« Je ne peux plus lire dans tes yeux l’errance de nos certitudes, étoffées d’un voile amoureux »
Engagement et partage
Illustre ne brille pas que par sa plume, mais aussi par sa présence. En juin dernier, elle donne un concert dans le centre pénitentiaire de Riom (Puy-de-Dôme). Dans un article du journal La Montagne, elle parle ainsi de cette expérience : « La force de l’énergie, c’est qu’elle se transmet. Les visages fermés du début se sont ouverts. J’ai ressenti un vrai partage ».
Le partage d’Illustre se fait aussi à travers le prisme de ses émotions, parfois très intimes. C’est le cas dans le morceau « Eclipse », par exemple, où elle fait part de son malaise social :
« Des rires dont la gêne, ne font qu’amplifier mes faux pas »
« Je m’amuse à boire de trop pour oublier que je ne vaux rien » ( À la recherche des mots perdus)
Du sensible sous la carapace…