Il était attendu en 2019, c’est finalement à l’orée 2020 qu’S.Pri Noir a choisi de faire son retour. Ce 22 janvier, le rappeur du 75 nous a délivré un nouveau morceau clippé extrait de son prochain album à venir.
« Une dystopie est un récit dépeignant une société imaginaire organisée de telle façon qu’elle empêche ses membres d’atteindre le bonheur ».
En partant de cette définition, S.Pri Noir pose les bases d’un nouvel univers : en ruine, brûlant sous ses yeux, dans lequel le danger est partout…
Dans un couplet unique, le rappeur de Fougères fait étalage de nombreux champs lexicaux. Les premières paroles nous replongent directement dans l’univers lyrical d’S.Pri Noir : un ego trip impactant, aux références luxueuses et engins motorisés. Au fil du morceau, on retrouve cette face d’S.Pri plus intimiste, notamment avec ces paroles sorties des quartiers difficiles, des endroits où il a pu grandir et où « tout finira un jour… » :
« Baby, j’suis dans l’quartier et c’est dangereux, je suis dans l’jeu
C’est comme si j’avançais mais qu’on m’ralentissait, j’crois qu’j’ai fait tout l’contraire de c’que maman disait »
C’est un univers dangereux qui nous est présenté, dans lequel l’argent et les armes contrôlent le jeu. S.Pri doit alors s’adapter et apprivoiser les vices :
« J’ai pas assez d’billets, j’suis entouré d’biatchs, elles sont toutes à mes pieds mais j’contrôle mes pas »
« Tu vois très bien c’que j’veux dire, tous les jours, nous, bah, on s’attend au pire
Comme mourir de la main d’un ami une balle dans la tête, comprends pourquoi on fait pas trop la fête »
Des mots tranchants et des flows incisifs dans une atmosphère glaçante qui peuvent rappeler des tracks comme 60G ou plus récemment Skywalker. Ces paroles se marient parfaitement à l’atmosphère musicale proposée par Nk.F et Joa (duo de beatmaker du collectif Trackbastardz).
Une épopée apocalyptique
Dès les premières secondes, l’habillage musical du morceau nous transporte. Cette nappe de notes synthétisées apporte densité et profondeur. Une ambiance planante s’installe alors. Celle-ci va être contrebalancé par la partie rythmique très minimaliste. Chaque élément est à sa place et tape au bon moment : la grosse caisse et la caisse claire présentes sur toute la durée du morceau, donnent clairement le tempo. S.Pri Noir s’applique sur son placement et chaque mot est de suite plus impactant.
À cela vient s’ajouter, au fur et à mesure du morceau, une basse et un clavier synthétique qui viennent renforcer le côté épique de la production. C’est un tout, et si l’on ajoute à cela le visuel, on obtient une œuvre à part entière.
Le clip est signé Benoît Marzouvanlian et Jonas Brisé (nul doute qu’S.Pri a eu son mot à dire). On y retrouve une succession d’images guerrières qui mettent en scène un S.Pri plus seul que jamais, dans un Paris à feu et à sang, trente ans après une guerre nucléaire entre l’Est et l’Ouest. On peut le voir dans son quartier, à Fougères, là « où tout a commencé ». Entre explosions, orages, véhicules en feu, tout y est pour former le teaser d’un gros blockbuster.
Le rappeur « contemple » son quartier prendre feu à cheval, à pied ou du haut des bâtiments. On a alors cette vision d’un S.Pri de retour dans les lieux de son enfance, maintenant livré à lui-même, qui doit se débrouiller seul et se construire une nouvelle vie. Les dernières images dans une forêt, à cheval, peuvent illustrer une certaine détermination de repartir perfectionner son rap et d’aller décrocher de nouveaux succès.
2020, un renouveau artistique ?
Après le succès commercial de son premier album Masque blanc sorti en mai 2018 – fraîchement couronné d’un disque d’or, le MC relance la machine et annonce un second album pour 2020. S. Pri Noir semble vouloir nous emmener dans une nouvelle direction, surtout au niveau visuel : une série de clip sur le même thème est sûrement à venir.

Si Masque Blanc était très éclectique dans la proposition musicale, on peut s’attendre à quelque chose de plus condensé pour le prochain opus. Capable de tout faire, le rappeur du « siete cinco » n’a pas fini de nous surprendre.