Trois ans presque jour pour jour après la sortie de son dernier projet, Gradur revient enfin sur le devant de la scène, avec la sortie de « Zone 59 » vendredi 29 novembre.
Le Roubaisien a fait une pause, s’est occupé de sa famille et de ses business. Il a même récemment confié s’être demandé s’il allait arrêter la musique, dégoûté par des trahisons, comme il le raconte dans le poignant « On avait tout pour nous ». Pendant ces trois ans, on l’a seulement vu faire quelques rares apparitions sur les albums de Lartiste, Kalash Criminel ou sur les mixtapes Game Over, et avec la sortie d’un freestyle, « Sheguey 12 », début 2018. C’est avec « Voyou », au début de l’été 2019, que Gradur annonce son véritable retour, et un peu plus tard un nouvel album et un premier gros titre : Rari.
La première impression émanant de ce projet est que Gradur n’a rien perdu de ce qu’il était capable de produire auparavant. Il montre dans les deux premiers morceaux « Sauvage » et « Atlanta », qu’il sait toujours kicker, comme sur sa série de freestyles « Sheguey ». On retrouve aussi des sons trap caractéristiques avec « Donne moi mes lovés ».
Mais le rappeur s’est aussi diversifié depuis ses débuts. Comme sur ses précédents projets, certains morceaux sont très dansants, et vont à coup sûr tourner pendant des mois en boîte de nuit. On pense à « Ne reviens pas » avec Heuss l’Enfoiré ou encore « Rolling Stones » avec Gims et Alonzo. Des tubes en puissance qui ne sont pas sans rappeler les précédents succès de l’artiste comme « Oblah » ou « Rosa ».
Le natif du Nord a réussi, en plus, à incorporer un plus grand travail sur les musicalités, les mélodies et les sonorités. Pour ce faire, il s’est entouré de quelques uns des beatmakers les plus en vogue dans le rap francophone : Junior Alaprod, Trent 700, Tommy on the track ou encore Rim’s, déjà à l’origine des tubes « Illégal » ou « Terrasser ».
Gradur s’entoure d’artistes influents de la scène française, qu’il connaît qui plus est. « Quand tu as un bon feeling, c’est toujours mieux pour faire du son », expliquait-il récemment dans un interview à Rapelite. On voit cette belle alchimie sur des collaborations avec Ninho, Niska ou Heuss en particulier. Les rappeurs enchaînent les passes-passes et multiplient les gimmicks.
Et si Gradur s’est entouré d’artistes qu’il côtoie et apprécie, ceux-ci connaissent aussi un énorme succès. Qu’on parle des frères Dadju et Gims, de Heuss ou des autres invités, ils peuvent tous se targuer d’un énorme succès commercial. Et on les retrouve souvent dans ce qu’ils savent faire de mieux : Dadju dans un morceau chanté et Naza et Heuss en ambianceurs dans des titres dansants. Comme dans Sheguey Vara 2, qui comportait deux faces avec deux musicalités différentes, l’homme au bob montre qu’il est capable de jongler entre tubes, sons trap et titres chantants.
Le rappeur écoute beaucoup de musiques actuelles, comme il l’expliquait à Rapelite. Et il prouve sur cet album qu’il est toujours capable de s’adapter à la musique d’aujourd’hui, et ce sur différents aspects, malgré ses trois années sans projet. En plus de ses collaborations, Gradur fait aussi de nombreuses références dans ses textes au rap français. De « Vaillant comme DA Uzi », dans « Méchant Sheguey », à une référence à Maes dans « Zone 59 » et même au légendaire « Petit frère » d’IAM, dans le titre éponyme : « Petit frère a déserté les terrains de jeu ».
« Zone 59 » s’impose donc comme un album complet de rap français actuel. Avec près de 12 000 équivalents ventes en mid-week, Gradur a réussi son retour. Sa proximité avec son public par les réseaux sociaux est aussi remarquable. Un public qui espère d’ailleurs pouvoir bientôt le retrouver pour une tournée. En attendant, le Roubaisien a annoncé qu’il participerait au concert Game Over, le 20 décembre prochain à l’AccorHotels Arena de Paris Bercy.