Un soleil qui tape, une danseuse du ventre et une chicha dans un souk à Marrakech. Voilà ce que peut nous évoquer « Thé à la menthe » du duo La Caution. Cependant, ce morceau représente bien plus.
Une ode à la jeunesse
Les trois couplets du morceau suivent à ligne un fil conducteur précis : l’enfance / l’adolescence. Entre anecdotes à l’école, références au style vestimentaire ou encore vie dans le quartier, nous avons ici un véritable témoignage comme pourrait recueillir un journaliste.
« Jeune, j’ai le souvenir d’une madame Nicole
Instit » qui pensait qu’un bougnoule n’était pas fait pour l’école
J’portais un velours troué, des bottes rouges en plastique
Une cagoule en laine un chandail ou des play baskets »
« Une adolescence Nastase et 501
Pento cassette de funk et le daron en 505″
Mais cet esprit puéril et insouciant n’est pas fait pour durer. Dans l’ultime couplet, Nikkfurie fait un rappel aux problèmes sociaux que vivent ces minorités qui habitent en banlieue parisienne. Un quotidien nourrit de racisme, d’inégalités et l’envie :
« Après l’innocence le pessimisme s’est ancré
Devant l’incandescence le droit chemin s’est cambré
Je lui ai tendu la main et le bonheur m’a crampé
Genre seul l’argent et l’honneur peuvent me rendre vrai
Mais ici on peut t’accuser de choses que si t’avais fait tu te pendrais
Il leur faut un Arabe, un Noir, ce que tu veux, bref du concret »
« A l’école nous vautours contre l’Albatros de Baudelaire »
Visa à destination : Le monde
Ce titre est à mon goût, la définition du terme « intemporel ». Le morceau était connu avant même sa sortie.
Dans la success story de ce titre, on note notamment un homme : Vincent Cassel. Faisant partie du collectif artistique Kourtrajmé dont faisait partie le duo, il proposera à Steven Soderbergh d’intégrer le morceau à sa scène phare dans le film Ocean’s Twelve. Scène devenue aujourd’hui culte, en grande partie grâce à la bande sonore.
Ce riff est aujourd’hui l’un des plus reconnaissables de tout le monde du hip hop. Le sample a fait le tour du monde en passant dans les mains de Sinik mais aussi par Los Angeles et même Hong Kong. Un tube international dont beaucoup ignorent encore le nom.
Aujourd’hui, lorsque le les flûtes et les percussions du riff touchent nos tympans, on oublie trop souvent qu’il s’agit d’un duo de français, originaires du 93, qui est derrière l’un des sons qui a bercé l’enfance de toute une génération clouée devant Vincent Cassel qui danse entre des lasers.
Merci La Caution.