Dans un entretien avec The Backpackerz, Kery James a déclaré : « Les rappeurs d’avant étaient des sortes de journalistes qui informaient sur l’état des banlieues. Aujourd’hui on est passé de la constatation et de la dénonciation à la glorification de l’illicite ». Dans Boss 2 Panam, Alpha 5.20 nous prouve que cette nouvelle génération de rappeurs tient ses sources du passé.
GGGansta
Booba, Koba LaD, Niska, … autant de grands noms de la trap qui ont popularisé ce genre. Cependant, ils n’étaient pas les premiers. Dans Boss 2 Panam, Alpha 5.20 ne rentre pas dans le moule de ses compères. Un flow plus scindé, des rimes simples et des paroles peu profondes nous donnent un cocktail agréable aux oreilles, qui fait bouger la tête.
« Hé boy fuck la musique, moi j’écoute les tam-tams
À part ça bruit d’flingue, dans la rue c’est bam-bam
Négros veulent ma peau, parlent mal sur oi‑m
Brandissent des armes, moi j’te dis come-come »
En parlant des paroles, celles-ci, au lieu d’évoquer des problèmes de société ou autre sujet sérieux, viennent affirmer la facette gangsta du rappeur.
« Laisse le shit aux tit-pe, moi je passe à la poudre
Boy, tu peux m’critiquer mais j’en ai rien à foutre
Et j’serai un gangster que j’sois pauvre ou riche
Appétit de bastos, j’ai de quoi t’nourrir »
Traffic de stupéfiants , argent et armes à feu. Le champ lexical de la rue et de l’univers des gangs persiste à travers le titre. Un peu à l’image des rappeurs US.
Alpha ne lésine pas non plus sur les références cinématographiques, fréquentes dans le rap, comme avec son album Scarface d’Afrique.
Précurseur ?
Cette manière de poser son texte de façon lente et qui suit les mesures du beat est relativement nouvelle pour l’époque. Alpha 5.20 est en quelques sortes un précurseur de la trap que l’on connaît aujourd’hui. Des artistes comme Booba accompagnent ce mouvement, mais Alpha, en tant qu’aîné, mérite la reconnaissance pour cette innovation dans le genre.
L’artiste n’est plus actif aujourd’hui (dernier feat en 2018 sur l’album 93 Empire), mais il a laissé une empreinte indéniable et a donné naissance a toute une génération de rappeurs comme Koba LaD ou encore Zola.
Et Autour ?
En 2006, l’année de la sortie du titre, d’autres grands albums du rap français ont vu le jour. On pense notamment à Ouest Side de Booba ou encore Sang Froid de Sinik. Alpha, de par son originalité et plus simplement la qualité du titre, a su se démarquer.
Même si les distinctions de ventes ne pleuvent pas, la reconnaissance qui lui est attribuée aujourd’hui témoigne du mérite du rappeur. Pour info, étant signé chez un label indépendant (Ghetto Fabulous Gang), la campagne publicitaire n’était pas grandiose. Ainsi, les CDs étaient vendus sur des marchés parfois même par le rappeur lui-même !
Une success story, non ?