S’il y a bien un rappeur qui marque l’actualité ces derniers jours, c’est SCH. Mais au-delà de ses promenades en RS4 gris nardo avec sa gâtée sur le Prado, SCH a su démarquer son art grâce à une chose : son identité visuelle. De « Jet-set » à mafia sicilienne, voici comment il a évolué.
Dans le passé, SCH a su nous montrer la diversité de son talent. Il nous a fait pleurer avec « Fusil », danser avec « Haut Standing » et nous a donné envie de tuer nos pires ennemis avec « Otto ». Mais en plus de ses nombreux titres, le rappeur marseillais a toujours proposé des clips différents de ceux de ses compères. Avec lui, pas de réunion en bas des blocks avec des gadjos en Y sur des CRF.
Les débuts / l’ère Capitol
C’est bien connu : quand un rappeur signe chez un label, il touche une avance qui précède la production d’album(s). SCH l’a bien compris, et ça se traduit dans ses clips. Prenons comme exemple le clip de « Morpheus », où on le voit assis dans une chambre d’hôtel à siroter du rosé et à manger une salade César. On a le même procédé pour « Champs Élysées » où la Ferrari est de sortie, accompagnée d’un maximum de gnôle dans un appartement au cœur de la capitale.
On l’a compris, SCH veut nous montrer qu’il a réussi. Pour quelqu’un comme lui qui provient d’un milieu modeste (inutile de rappeler qu’il travaillait dans le BTP), cet accès soudain à un monde qui fait rêver doit être montré, partagé. En d’autres mots, il nous flex dessus et il a raison. Ses premiers albums A7 et Anarchie se vendent comme des petits pains, accumulant des multi-platines. Un succès mérité qui se traduit par une extravagance justifiée dans ses clips.
Il y a cependant un clip qui se démarque de cette période : « Fusil ». Il s’agit d’une ode à un amour raté et une amie perdue. Il n’était donc pas possible pour lui de montrer des grosses kichtas et des bolides allemands.
Le clip est plus lent, prend place dans un endroit neutre : la montagne. Il a changé son costard pour un tricot de laine au coin du feu, cadre idéal pour des lamentations. On le voit donc seul dans ce décor grandiose mais qui, par sa vastitude, amplifie sa solitude.
Deo Favente / La recherche
Dans un entretien avec Booska P le rappeur marseillais a affirmé que Deo Favente allait réunir les publics d » A7 et d’Anarchie. Au-delà de tubes comme « j’Attends » ou encore « Nino Brown », SCH livre ici les traces d’un début de quête vers l’univers qu’il souhaite renvoyer à son auditorat.
En parlant de « Nino Brown », le clip vient se démarquer complètement de ce qu’on a pu voir précédemment. On retrouve l’artiste en peignoir dans une villa garnie de baies vitrées, agitant un téléphone satellite. On y voit l’apparition d’armes à feu et d’histoires de gang, une nouveauté totale pour quelqu’un qui nous avait habitué aux chambres d’hôtel et au room service. Le clip se termine sur un plan de l’artiste sirotant un café devant une Une de La Provence titrant : « Un parrain assassin ».
Sorti peu de temps avant, le clip de « Poupée Russe » venait donner des esquisses de cette évolution. La plupart de la vidéo met en scène SCH, arme de poing à la ceinture, qui s’occupe d’un assassinat. Le Jet-setteur est donc devenu tueur à gages et par la suite, un parrain mafieux.
Cet album « transition » nous amène enfin vers le produit final, qui nous a été présenté en 2018 et qui perdure encore aujourd’hui.
Le patron est dans la maison / La domination du Baron Rouge
En 2018 SCH quitte Capitol et le monde d’Universal pour se lancer en indé avec son propre label : Maison Baron Rouge. Possédant ses droits et ses masters, il était libre de se lancer dans la direction artistique qui lui plaisait et c’est ainsi qu’un enfant terrible est né : JVLIVS.
Un teaser sort pour annoncer l’album,et c’est la première fois que le rappeur inclut du cinéma à son art. En plus d’être alléchant, il est accompagné par la voix rauque de José Luccioni, la voix française d’Al Pacino. On comprend dès le début que ce nouvel alter ego, Julius, n’est pas n’importe qui. Il ne vient pas de n’importe où. Mais surtout, il ne fait pas n’importe quoi.
Le premier clip sorti pour cet album est celui d » « Otto », une révérence à son père. Tout de suite, l’ambiance change. On quitte les teintes ensoleillées pour une aube froide. Les villas luxueuses sont troquées pour des ferrys accostant au port de Marseille. La fête laisse place aux funérailles. On est plongés dans un monde morose où la mort est prédominante sur la vie. Une sorte de réadaptation du Parrain, sauf que cette fois, la tête de la famille, c’est lui. On le retrouve aussi avec un style plus soigné. Ses cheveux sont attachés, le costume taillé : une classe à l’Italienne.
À l’annonce de la trilogie JVLIVS, le public a eu droit à un court-métrage mettant en scène ce nouveau personnage qui alterne entre l’Italie et Marseille. Certains pourraient parler de fantasme enfantin, mais le charisme se retrouve dans chacun de ses cheveux soyeux. Il nous vend ce personnage de mafieux, et on y croit.
Il y a une semaine, à la sortie du premier extrait de JVLIVS II, on a retrouvé ce même personnage terrifiant, faisant la route entre Gibraltar et Marseille pour acheminer de mystérieux conteneurs arborant ce nom à 6 lettres. « Marché Noir » annonce la continuité de cette aventure dans laquelle nous embarque SCH.
En attendant impatiemment la sortie du deuxième tome de la trilogie, on vous propose de retourner sur son dernier album Rooftop avec le clip de « R.A.C ». Un clip qui lie son passé au cœur des cités marseillaises à sa nouvelle vie. Parce qu’il faut le reconnaître, faire défiler des majordomes avec son pressing au beau milieu d’une foule portant des survêts, ça demande du génie.