Laylow, originaire de Toulouse, a réellement explosé il y a presque un an avec la sortie de son album Trinity. Trinity c’est quoi ? C’est un logiciel de stimulation émotionnelle où on perd toute notion de réalité grâce à l’artiste. Si on ne comprend pas, c’est normal, chez Laylow tout est une question d’émotions. Plongée dans son univers.
La précision du discours
La première chose qui frappe chez Laylow, c’est qu’il ne rappe pas d’une façon ordinaire, il est rare de l’entendre faire de l’égo trip. Si on écoute sa discographie, de Mercy à Trinity, le thème de la nouvelle technologie revient très régulièrement. Les relations avec d’autres femmes reviennent assez souvent. Il est souvent amené à coupler la nouvelle technologie et ce rapport aux femmes. C’est d’ailleurs tout l’objet de l’album, où on suit une histoire d’amour avec une intelligence artificielle. Laylow finira par s’attacher et aimer Trinity, alors que pour une simple intelligence artificielle, il est difficile de discerner la réalité de la non-réalité :
« Tout ce qu’on a vécu c’est réel au moins ?
Les concepts de réalité et de virtualité sont très flous pour moi. Je suis désolée.
Mais t’es quoi en fait, t’es qui ?
Je suis Trinity, logiciel de stimulation d’émotions »
« Manuel d’utilisation » — Trinity
Si l’univers semble fantastique et difficile à accrocher, ce qui fait que ça fonctionne, ce sont principalement des phrases bien trouvées et qui décrivent à la perfection un sentiment.
Dans « 10’ » de son projet Mercy, Laylow parle d’une relation amoureuse qui vient de se finir. Lorsque cette fille fait le choix de rompre en quelques minutes (dix, d’où le titre), plutôt que de simplement dire qu’il s’est fait quitter en dix minutes, il va répéter le mot pour y mettre beaucoup d’impact et prendre de l’importance : « Un choix fait en dix minutes, dix minutes, dix minutes, dix minutes, dix minutes, dix minutes, pile ».
Bien plus que de la répétition du temps, il insiste sur le fait que ses sentiments diminuent : « Les sentiments diminuent, diminuent, diminuent, diminuent, diminuent, diminuent ». Cette phrase placée juste avant donne de l’impact au niveau de la sonorité « dix minutes » et « diminuent ». Ainsi, plutôt que de dire qu’une fille lui fait ressentir des sentiments, il en parle ainsi : « T’as chauffé mon cœur nan mais vraiment ». Le concept de chauffer quelqu’un s’applique aussi sur le corps de Laylow, c’est une autre manière de dire qu’il s’est attaché à cause d’elle.
Le clip officiel de « 10′ », sur la chaine officielle YouTube de Laylow, DigitalTV
Sur l’album Trinity, le titre « Poizon » quant à lui, veut décrire la relation toxique qui s’est nouée entre le rappeur toulousain et le logiciel de stimulation émotionnelle. Il imagine toute une scène autour de cela. Le titre d’abord, c’est parce que Laylow se considère lui-même comme un poison pour la fille dont il parle (toujours Trinity). Les premières phrases suffisent à décrire de manière imagée une relation toxique :
« Maintenant qu’elle a goûté le poizon, elle veut plus rien d’autre
Elle veut plus rien voir, elle veut plus rien croire
Quand on mélange la passion et la frustration
On contrôle plus rien dans l’équation »
« Poizon » — Trinity
C’est toute la relation qui est toxique. Et Trinity, c’est tout un univers parallèle développé autour d’une relation fictive. En vérité, cet univers était déjà très propre à Laylow de part plein de détails dans ses autres projets.
La maitrise des sons
Lorsqu’il s’agit de nous embarquer dans son univers, Laylow ne compte pas seulement sur sa qualité d’écriture. Dans chaque morceau, il y a énormément de sons annexes, c’est-à-dire une maitrise parfaite de l’auto tune de son propre timbre de voix. Ce qui lui est propre, c’est cette voix qui fait très métallique, robotique dans son univers informatique.
Ce qu’on aime chez lui, c’est cette voix, parfois presque des chuchotements sur une instrumentale, qui nous transperce. On est presque sûr de ne pas tout comprendre à la première écoute. Mais en jouant autant avec sa voix on peut ressentir ce que lui ressent au moment de poser.

Bien plus que de détails de l’ordre de simplement sa voix, Laylow sait mettre les effets au bon moment. Lorsqu’il parle de voiture, il n’est pas rare d’entendre le son d’un moteur lancé à pleine vitesse. Tous les interludes de Trinity sont soigneusement faits de manière à pouvoir vraiment entendre Laylow se reconnecter à un programme, taper un mot de passe. Le travail qui a été fait rend la démarche d’un projet comme Trinity complètement crédible.
Tout est fait pour être agréable à l’écoute et nous transporter. Et obligé de constater que cela marche, on est pris aux histoires racontées dans chaque morceau. Cela rend l’expérience d’écouter du Laylow unique.
La créativité visuelle
Saviez-vous que Laylow a participé à la réalisation du clip de « Martin Eden » de Nekfeu ? Saviez-vous qu’il participe grandement à la production de ses propres clips ?
Le talent du rappeur toulousain ne s’arrête pas seulement au rap, il est aussi visuel. « Megatron » semble être l’histoire d’un fou en cavale. Une ambiance qui colle parfaitement au son en somme. La qualité des images est exceptionnelle. Le clip, qui a servi à teaser Trinity, est un parfait exemple de l’univers singulier dégagé par l’album.
« Trinityville », c’est l’histoire d’une des stimulations émotionnelles de Laylow, son histoire avec Trinity. On y voit régulièrement le rappeur, seul dans une ville aux allures futuriste. Ce dernier est rejoint par ce qui semble être une image holographique d’une femme. On comprend parfaitement l’ambiance irréelle de cette relation. Une fois qu’on comprend l’album, tout s’explique au travers de ce clip.
Enfin « Poizon », c’est le son qui commence à pointer du doigt la non-viabilité de cette relation entre Trinity et Laylow. On y retrouve le rappeur dans un bar face à un hologramme représentant Trinity. Il semble vouloir oublier jusqu’à un combat final qui l’oppose à l’intelligence artificielle. Représentée par une femme puissante, Laylow se fait projeter au mur et semble définitivement perdre ce combat.
Le clip officiel de « Poizon » sur la chaine officielle YouTube de Laylow, DigitalTV
Avant son dernier album, le rappeur toulousain semble avoir tout prévu, à l’image d’un décor posé sur un clip comme « Maladresse ». Encore un décor futuriste, accompagné du style sans pareil de Laylow qui rend l’atmosphère une nouvelle fois unique.
Laylow a‑t-il déjà tout prévu pour encore nous préparer un voyage émotionnel dans une autre réalité ? Une chose est sûre, il faudra se préparer à une nouvelle expérience musicale, complètement unique.