Bonjour à toutes et à tous, on se retrouve aujourd’hui pour le deuxième volet de notre série sur le rap allemand ! La parité avant tout, comment donc ne pas vous parler du phénomène au féminin, Juju?
Du rap dans le berceau
Et oui, les femmes aussi savent rapper! C’est d’ailleurs ce que notre rédactrice Cécile Vienney a déjà montré auparavant dans une série du même nom accordée aux femmes de ce milieu. Judith Wessendorf a.k.a. Juju en fait très bon exemple chez nos voisins allemands. Très tôt dans sa vie d’adolescente, elle commence à écouter du rap et surtout le classique gangster rap allemand. À l’époque, ce sont des piliers du Rap DE comme Bushido ou Sido qui pousseront par la suite cette jeune fille à s’expérimenter elle-même sur le terrain. C’est dans son temps libre que Juju va alors peu à peu travailler son flow dès quatorze ans.
L’école n’a jamais été sa tasse de thé. Juju voulait profiter de sa liberté et ne pas perdre son temps en étant encadrée par des professeurs, puis par un travail etc. En empruntant ses mots: elle « ne se laissait rien dire ». Un peu rebelle, c’est ce qui va créer son image et sa personne dans le rap. Elle n’a pas peur de dire les choses sans langue de bois et de confronter la gent masculine afin de se procurer du respect. L’artiste se serait inspirée notamment auprès de la chanteuse Christina Aguilera ou encore la rappeuse Kitty Kat. Un modèle clé dans sa musique et surtout ses textes fut Eminem. Juju pouvait, en quelque sorte, s’identifier dans ce que le rappeur US raconte à travers ses morceaux.
L’échappatoire
C’est une enfance difficile que Judith Wessendorf a connue. Élevée seule par sa mère infirmière, dans un quartier modeste de Berlin, elle a été confrontée à des situations de violence, entre autres, dont elle ne parle que rarement. Comme dit auparavant, elle arrêta les cours à seize ans sans aucune perspective d’avenir.
« Ich wollte mir nichts sagen lassen »
Heureusement pour elle, avant de fréquenter les mauvaises personnes, Juju a rencontré des gens qui reconnaissaient le don qu’elle abritait pour le rap. Elle commence alors même à enregistrer quelques sons avec des amis avec qui elle formait un petit groupe de rappeurs. Même si Juju était la seule femme et la plus jeune de la troupe, elle n’était jugée qu’à sa voix et sa manière de rapper. Elle ne se laissait déjà rien dire auparavant, mais entourée uniquement d’hommes dans ce milieu, elle a encore une fois appris à avoir confiance en elle et cela se ressent à travers ses textes. Les punchlines envers les « machos du hip-hop » ne sont pas économisées, les artistes masculins du rap allemand ont même beaucoup de respect pour la rappeuse.
« Und während du wieder monatelang auf mich wichst
Hab ich 20 neue Songs und dein » Traum gefickt »
Le meilleur exemple nous est donné dans l’intro de son premier album que l’on va aborder par la suite où elle raconte, si l’on traduit mot par mot: « Et pendant que tu te rebranles pendant des mois sur moi, j’ai 20 nouvelles chansons et baisé ton rêve ».
L’ascension en ligne droite
C’est en 2014 que Juju va commencer à agrandir son audience en formant avec la chanteuse Nura le duo SXTN. Les deux femmes ont connu le succès avec des titres comme « Die Fotzen sind wieder da » (Les chattes sont de retour) ou encore « Ständer », qui peut être traduit comme la version familière du mot « érection ». Comme vous pouvez le constater, on va droit au but sans essayer d’embellir les propos, une autre caractéristique de la musique de Juju. Cependant, elle nous montrera par la suite qu’elle possède également une partie soft.
En effet, le duo se séparera quatre ans plus tard afin que chacune poursuive sa carrière de son côté. Juju est donc vraiment très récente sur la scène de rap allemande: elle a commencé en solo il y a moins de deux ans. Tout de même, Juju frappe fort dès le mois d’août 2018 avec le morceau « Melodien » (Mélodies) en featuring avec Capital Bra qui atteindra le sommet des Top 100 en Allemagne, en Autriche puis en Suisse.
Mais c’est en mai 2019 que Juju connaît son plus gros succès: le single « Vermissen » avec Henning May, chanteur du groupe AnnenMayKantereit. Deuxième titre en solo qui fait numéro un en Allemagne pour Juju et un statut platine dans la même année après plus de 400 000 ventes. Le clip tourné en seulement une seule nuit bat également plusieurs records en Allemagne.
Que faire après un tel succès? Juju a tout compris. Seulement six semaines après la publication de « Vermissen », son premier album Bling Bling voit le jour. Un mélange entre morceaux plus mélodiques comme « Hi Babe » ou « Sommer in Berlin » et des vrais bangers montrant le flow et le talent de la Berlinoise dans « Coco Chanel », « Hardcore High » ou encore « Freisein » (être libre).
Juju apprécie sa liberté avant tout, vous aviez dû le remarquer. Tous les textes de son album ont été écrits uniquement par sa plume. Seul son beatmaker Krutsch, qui a déjà produit pour SXTN, et ses deux managers étaient intégrés au projet. Les notions-clés de l’album sont bien évidemment la fumette, l’alcool qui coule en masse et les soirées. Juju ne se cache pas, est confiante en elle et se montre: Bling Bling comme le dit l’intitulé de son album.
« Là en ce moment, j’ai l’impression que je peux faire tout ce que je veux » déclare-t-elle, « pour la première fois, je suis libre d’organiser ma vie comme je le veux. » C’est ce que nous lui souhaitons en tout cas, et ce n’est que le début, nous avons envie de lui dire. Certainement une artiste qui peut changer la donne pour les femmes dans le rap en Allemagne, à découvrir impérativement, si ce n’est pas déjà fait!
La rédaction vous propose son tout dernier morceau « Kein Wort » avec Loredana, rappeuse suisse et potentielle future artiste sous les projecteurs de In Da Klub?
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