Un peu plus de six mois après la sortie de son premier album Alaska, Green Montana fait son retour avec un nouvel EP intitulé Melancholia999. Cette nouvelle sortie devrait ravir ses fans, privés d’inédits depuis Alaska. Enfilez votre combinaison spatiale et teintez vos locks, on part en immersion dans l’espace avec l’étoile montante du 92i.

L’univers Green Montana
Lorsque l’on regarde le paysage rapologique français d’aujourd’hui comme on regarderait une voûte céleste, on y verrait de nombreuses étoiles toutes semblables de loin. Mais lorsque l’on étudie chacune d’entre elles de plus près, on constate qu’elles sont toutes singulières, avec leurs particularités. Green Montana fait partie de ces jeunes planètes tout juste formées, mais qui brillent déjà aux côtés de ses semblables. Toutes ces métaphores sont là pour insister sur la singularité du rappeur de Verviers. Singularité que l’on peut présenter en plusieurs points.
La voix de Green Montana est un de ses meilleurs atouts, et il le sait. En seulement neuf titres, il nous fait part de toute la polyvalence de sa voix. Tantôt rauque, tantôt cassée, allant parfois presque jusqu’au chuchotement, il sait aussi la faire couler doucement le long d’une subtile mélodie, son terrain de jeu de prédilection. Cette diversité lui permet proposer un large panel de titres variés à son audimat, nous y reviendrons dans la dernière partie de l’article.

Un autre des ses points forts est l’aspect visuel de sa musique. Un peu à la manière d’un Laylow, il sait manier l’art du cinéma auditif grâce à sa voix et aux instrumentales envoûtantes. Mais contrairement au Man of the Year, il ne met pas en place de storytelling et ne s’enferme pas non plus dans la peau d’un personnage fictif. Ce qu’il décrit est bien réel, et se retrouve sans difficulté dans de nombreux titres de rap : envie d’une vie de luxe, de belles femmes, lexique de la drogue et des armes à feu… Et pour permettre à ses fans de s’imager ses sons, rien de tel que des clips aux visuels parfaitement travaillés. « Tout gâcher » avec Booba ou « Évidemment » feat SDM en sont de parfaits exemples.
J’ferme les yeux et j’repense à ma vie d’avant
Pour la monnaie, prends des risques à mort
Fais pas jurer sur la vie d’maman
Poto, j’te raconte ma vie, moi, c’est pas celle d’un autre
L’influence du 92i
Membre du label de Booba depuis 2019, Green Montana doit en partie son succès à ce label qui l’a mis en lumière. Pour preuve, le clip de « Tout gâcher » comptabilise le plus grand nombre de vues sur sa chaîne YouTube (plus de 4 millions).
Plutôt solitaire, le rappeur ne comptabilise d’ailleurs que deux featurings, uniquement avec des membres du 92i : Booba et SDM. Le clip du morceau « Évidemment » en feat avec ce dernier vient d’ailleurs de passer récemment la barre du million de vues. Cela montre que Green Montana sait jouir des avantages de son label sans pour autant s’en contenter. Sa volonté est claire : mettre en valeur sa musique par son talent et non par la popularité des feats.

Son évolution depuis Alaska
Bien qu’il soit plus difficile de juger l’évolution d’un artiste sur un EP de quelques titres que sur un album, on peut tout de même retenir plusieurs nouveautés intéressantes chez Green Montana.
Ce qui marque l’auditeur à la première écoute, c’est le choix des instrumentales. De nombreux beatmakers et compositeurs sont présents, ce qui montre que l’artiste a voulu nous proposer plusieurs univers musicaux différents : Freakey!, Drayki, Evi Beats, et même les reconnus Seezy et Dany Synthé sur le feat avec SDM. En conséquence, Green Montana peut nous montrer toute l’étendue de son potentiel et de sa polyvalence en s’adaptant à chaque style proposé : un hit (« Evidemment »), des sons chill (« Eyeliner », « California »), une intro d’un tout nouveau style (« PJP NMR ») et pour la première fois un son drill (« Fum22 nocive »). Il se permet même un changement d’instru dans le dernier titre pour nous convaincre définitivement. Au final, c’est donc un EP très complet qui s’offre à nous.

La prise de risque doit aussi être soulignée. Bien que les attentes du public ne soient pas les mêmes pour la sortie d’un EP que pour celle d’un album, il fallait effectuer correctement le choix des titres. En effet, orphelins du moindre single depuis Alaska, les fans réclamaient tout de même une confirmation de la part du rappeur. Dans son unique album, Green Montana avait choisi une atmosphère froide, aux teintes grises et noires malgré deux ou trois titres plus colorés. Il fallait donc veiller à ne pas non plus lasser le public, et conserver une « hype » en vue certainement d’un second album.
Grâce à cet EP plein de nouveautés, les objectifs semblent atteints par le jeune artiste du 92i. Les premiers retours du public sont bons, et confirment les espoirs placés en lui. S’il reste bien entouré au sein de son label et qu’il continue d’utiliser d’exploiter son talent à plein potentiel, l’avenir s’annonce radieux pour Green Montana.