Fin 2018, Meek Mill sortait Championships. 4ème album du rappeur de Philadelphie, son nom vient du titre de champion NFL des Eagles, 10 mois auparavant. Retournons voir cette pépite.
1. Un album historique
Comme dit précédemment, l’album sort 10 mois après la première victoire au Superbowl des Eagles de Philadelphie, ville dont est originaire Meek Mill, avec un Quarterback remplaçant…
Pourquoi parler de ça ? Car comme Nick Foles et sa bague de champion, Meek Mill a du rester dans l’ombre avant de pouvoir exposer son succès.
Présent depuis longtemps sur le label de Rick Ross (MMG), repéré par T.I, avec une forte volonté d’être indépendant, Meek Mill avait tout pour réussir à devenir un grand du Game US.
La réalité fut tout autre. Les embrouilles judiciaires de Meek le suivront toute sa carrière et lui feront perdre beaucoup d’argent, de temps et de crédibilité auprès des maisons de disques.
Sorti après 4 mixtapes, Championships arrive alors que le rappeur est déjà confirmé auprès de sa fanbase; il est temps pour lui de s’exporter à l’échelle mondiale. Le résultat est là : 19 titres avec des featurings à la hauteur de son talent : Drake, Cardi B, Rick Ross, Jay‑Z, Roddy Rich (!), Future, Young Thug, ou 21 Savage pour ne citer qu’eux. Le casting est de 5 étoiles pour cet album de luxe.
Plongeons nous ensemble dans un classique récent mais oublié outre-océan.
2. Une life story puissante et unique
Meek Mill vient de loin. Son passé de vendeur et de hustler le hante depuis 2008 et il ne s’en est jamais sorti. Au moment ou Meek écrit cet album, la Cour Suprême de Philadelphie vient de le libérer, après avoir repéré de la corruption dans son dernier jugement, qui l’avait fait tomber pour plusieurs années.
L’histoire de Robert R. Williams est une lutte constante, contre sa couleur de peau, sa vie passée, sa famille, la justice, son entourage… Malgré tout cela, le roseau plie mais ne rompt pas. Cet album est le résultat de beaucoup d’années de souffrances, de galères, et ça s’entend dans le flow, ça se lit dans les lyrics. La volonté de réussir, la mentalité de winner de Meek donne de la force au projet quand on s’y plonge de manière intéressée. L’aboutissement d’une vie s’épanche dans nos oreilles et il est difficile d’y rester indifférent.
Rapistiquement parlant, Meek Mill est un rappeur old school, doté d’une voix aiguë, unique, et d’une technique impeccable. Il est surtout reconnu pour ses paroles authentiques et tranchantes. On retrouve cette marque de fabrique dans les sons « Trauma », « What’s Free », « Respect the Game » et « Championships ».
Il est difficile d’apprécier à sa juste valeur cet album sans au moins passer quelques minutes sur Genius à regarder les références du rappeur. Souvent pointue et reliée à ses propres expériences, son écriture s’articule autour d’elles et d’un egotrip qui lui aussi est lié aux cicatrices internes de Meek et sa vie de galère. Produit par pas moins de 11 producteurs différent, cet album possède une patte artistique assez unique et se caractérise par une atmosphère qui alterne entre le rap New Yorkais, très East Coast, et la southern grime très populaire à l’époque (Kodak Black, XXXTentacion, Ski Mask…)
3. Tout ou rien
La mentalité de Meek pourrait se résumer à ces 3 mots : « All or Nothing ». L’artiste met son âme et ses tripes dans chaque lyric qu’il produit, et cela donne un album brutalement honnête et plein d’espoir, malgré les circonstances :
« Uh, my mama used to pray that she’d see me in Yale
It’s fucked up she gotta see me in jail »Trauma, Track 2.
Pas besoin d’explication pour celle-là. Le premier couplet de « Trauma » est un dialogue fictif entre lui et sa mère, entrelacé de souvenirs déplaisants qui dépeignent pas mal le quotidien dans lequel Meek à vécu une grande partie de sa vie. Brutal but honnest truth.
Jay‑Z, « What’s Free? »
De par son background très old school, porté vers l’écriture et l’authenticité, Meek est plébiscité par l’ancienne garde. Proche de Jay‑Z, ce dernier lâche un de ses meilleurs couplet sur « What’s Free », dont cette pépite. Enjoy :
« Ask a nigga in my hood, he gon » say that I’m stamped
And when them situations came, I came out like a champ
When it was pourin » down rain and I came out of it damp
But now it’s champagne showers when we poppin » the champ », ugh »Respect The Game. Track 6.
« Was dead broke but rich in soul, was we really that poor?
Was we really that dumb? « Cause we carry a gun
And every nigga in my neighborhood carryin » one
« Cause we had nightmares of our mamas gotta bury her son »Championships, Track 8.
« What I’m supposed to spend a thousand nights in the studio rappin » my lights out?
Goin » city to city, can’t take my son to school when I want to, can’t see my mama, my family when I want to
They give a nigga my money, then act like he hangin » with me
I ain’t never been sweet
Far as I can remember, every time I went to jail I had to stand up in that bitch by myself
I ain’t never even think about a nigga callin » my baby mama to pick my son up to take him to the movies »Cold Hearted II, Track 19.
« Cold Hearted II » est la suite du classique éponyme sorti il a plusieurs années et qui a fait monter Meek Mill dans les hautes strates du game. Considéré comme un des plus grands classiques du rap US, l’artiste se met à la lourde tâche d’en écrire un nouveau sous le même nom, remis au goût du jour. Le son dure 5 minutes, et il passe la dernière minute-trente du son à parler, remercier son entourage… Pas besoin de deuxième couplet quand on a déjà plié un album et plusieurs futurs classiques.
From Hell & Back
Si cet album à peu traversé les frontières, c’est clairement de la faute de Meek Mill. A peine après avoir lancé sa tournée Motivation, les galères recommencent et Meek Mill est encore devant un parquet à plaider sa cause. Sa relation tumultueuse avec Nicki Minaj n’a pas aidé, et ses allers-retours en prison sont tels que le public ne le connaît pas vraiment. C’est un véritable problème, tant le talent du bonhomme est palpable. Les émotions qu’il fait traverser sont réelles, puissantes et imagées, et on se fond rapidement dans son univers.
Championships est un véritable classique qui ne demande qu’à être écouté. Vous me remercierez plus tard.
F0X