Un an et douze jours après la sortie de son premier album, succès commercial certain (disque d’or en Belgique, disque de platine en France), Roméo Elvis revient plein d’énergie avec un EP composé de 5 titres : Maison.
Cela faisait un moment qu’on avait pas entendu un track exclusif du belge en solo. Et en cette période de confinement qui concorde avec le premier anniversaire de Chocolat, quoi de mieux que sortir un petit projet quasi-surprise? L’envie semble simple : se concentrer sur la musique. Sans clip, sans promo, tout en revenant à des couleurs plus rap après avoir essuyé quelques critiques sur le fait que son album avait peut-être pris un tournant trop pop, seule la musique doit parler, comme ce ne fut pas le cas depuis un moment (dixit l’interlude).
La carrière du bruxellois a vraiment explosée en 3–4 ans (grosso modo depuis « Bruxelles arrive », en featuring avec Caballero), et sa côte de popularité a aussi décollé partout, créant une sorte de “nouveau public”, suite à des singles en collaboration avec sa sœur Angèle, ou bien Lomepal, Thérapie Taxi etc… Et ce côté pop, même s’il était assumé, l’a un peu détourné de sa ligne directrice de base, comme il s’en amuse dans « Vinci », dernier track de cet EP :
“J’suis devenu bipolaire : des fois j’me sens comme Gims, et des fois, Lefa”
Référence aux deux membres de la Sexion d’assaut, qui ont continué en solo chacun de leur côté, avec Gims qui a une démarche très pop, cherchant sans cesse à toucher le plus de monde possible (quitte à attaquer le marché anglophone), et Lefa qui est toujours resté fidèle à lui-même, quitte à toucher moins de monde et faire sa musique comme il la conçoit.
Mais dans ce projet, on retrouve des titres fidèles au bruxellois: très kickés, introspectifs et honnêtes. Ce petit EP forme une sorte de journal de bord post-Chocolat (la cover reprend d’ailleurs le jaune comme couleur principale), où on suit les réflexions de Roméo avançant sur son vélo, et même peut-être un tournant musical qui annoncerait un retour plus rap, après quelques succès aux teintes plus légères/pop.
4 titres accompagnés d’un interlude, c’est peu, mais en même temps pile assez pour mettre l’eau à la bouche de tous ceux qui attendent un deuxième album qui pourrait être constitué de titres plus « Gonzo » que « Soleil » ou « Malade ». Pourquoi? Parce-que c’est un peu comme ça que Roméo Elvis a annoncé et promu son projet : comme quelque chose de plus rap, qui revient à la source, et qui forme un avant-goût du prochain opus, après avoir finalement compris les critiques sur la direction artistique de son précédent projet.
Là où Chocolat faisait beaucoup le pont entre sa vie d’avant et le succès, Maison est rempli de constats, de faits, et aborde beaucoup plus sa vie actuelle, faite de positif (l’argent, le succès) comme de négatif (ce qui l’entoure, le succès..).
L’intention de ce projet est elle aussi explicitée dans l’interlude, puisqu’à travers un coup de fil, on entend le pourquoi du comment de cette sortie, aussi surprenante soit-elle, dans son format, comme dans son fond et sa forme musicale. Roméo Elvis a peut être voulu prendre son public à contre-pied avec cet EP (là où une partie attendait une continuité de Chocolat), tout en sachant que c’est ce qu’une grande partie du public attendait également.
Maison est donc une réussite, tant il nous régale et nous laisse sur notre faim en même temps. Rien d’essentiel dedans, mais de quoi nous mettre en garde pour la suite, et de quoi bouger la tête sur des couplets tranchants remplis de seum par moments, d’ego-trip de temps à autres, mais surtout d’honnêteté.
A travers un court projet qui s’écoute en moins de 20 minutes, le belge aux acouphènes s’offre un retour qui fera sans doute parler ses fans de la première heure, qui régalera les amateurs de sons plus kickés, et qui va surtout provoquer une hype chez son public, s’imaginant un deuxième album plus dans cette veine.