Le rappeur toulousain Laylow balance un nouveau clip en attendant l’annonce d’une date pour son premier album.
Le premier véritable album de Laylow n’a jamais été aussi proche. Après l’explosif « Megatron » un mois plus tôt — à l’influence « Kanye Westienne » -, le MC aux grillz aiguisés nous envoie un nouvel extrait produit par Dioscures et Sofiane Pamart.
L’ambiance est installée. Elle est obscure, inquiétante, presque angoissante, dès les premières secondes, avec ce son saturé tout droit sorti d’un synthétiseur des enfers. On entame alors une plongée dans les ténèbres avec une basse 808 très ronde et des glides puissants. Les premiers mots du rappeur sonnent comme une sentence. On est enfin immergé dans la Trinityville avec l’arrivée des kicks (percussions). Une ville sombre où seuls quelques néons éclairent rues et bâtiments.
On explore un endroit aux allures de Gotham City, entre plans sur un parking avec un bolide, vues aériennes des buildings ou encore scènes dans des cages d’escaliers ou d’ascenseurs. On retrouve une certaine cohérence entre clip et lyrics avec la présence d’une femme. Ce qui fait écho au probable nom de l’album du Lay, qu’il aurait déjà choisi, à savoir Trinity : référence directe au personnage féminin du même nom dans la saga « Matrix », qui ne met « que du latex ».
C’est toujours TBMA aux manettes. Et l’entente avec l’artiste est toujours plus folle. Les deux travaillent ensemble depuis plusieurs années et le collectif de réalisateurs a façonné l’image singulière de Laylow : une démonstration d’attitude, de charisme et de postures que lui seul peut adopter ainsi que cette allure désinvolte qu’on retrouve non seulement en image, mais aussi dans l’interprétation vocale.
« Trinity dans la matrice »
Toujours sous vocodeur, le rappeur se met à découper la production avec ses intonations de voix si particulières. Sur ce genre de track aux allures de banger, le toulousain se permet d’alterner entre des flows plus agressifs sur le refrain notamment, jusqu’à des choses plus calmes sur les deux couplets, mais tout en rendant l’ensemble captivant. Il fait du beat son terrain de jeu et « navigue » de flow en flow avec une aisance déconcertante. Ceci grâce notamment à l’instrumentale de Dioscures et Sofiane Pamart, imposant une atmosphère qui colle parfaitement à Laylow : lugubre, bouncy, impactante. Un trio gagnant qu’on devrait beaucoup retrouver sur l’album, et qui laisse une certaine liberté au rappeur dans les lyrics.
« Chaque nouveau projet je drift, Laylow c’est l’adrénaline »
Laylow y évoque une femme (Trinity ?) qui semble très attachée à lui. Elle est déjà amoureuse alors qu’ils ne se connaissent « que depuis Raw.Z ». Lui semble à l’opposé de tout ça. Il souhaite juste bosser son art afin d’être le meilleur possible et piloter la Lamborghini avant ses 70 piges.
« C’t’année, j’me suis promis d’élever le niveau, le level
J’ai bossé comme never, fils d’immigré fait pas grève »
« J’pourrais jamais t’aimer jusqu’à l’infini
Pourquoi tu veux t’insérer dans ma vie ? »
Le succès et l’envie de conquérir les plus hauts sommets du rap sont des thèmes qui vont sûrement se retrouver dans le prochain opus. Il y faisait déjà référence dans un morceau comme « Ignore » en 2017 :
« Génération tête brûlée, Laylow, Man of the Year
J’veux toujours tout faire péter, surtout péter l’million »
Enfin péter aux yeux de tout le monde avec sa proposition bien particulière : voilà un des objectifs de Laylow, si ce n’est le principal.
« Ça y est… elle est prête »
Toujours dans cet univers singulier développé dans ses précédents EP’s, le « Man of The Year » passe clairement un cap : que ce soit dans son approche de l’instrumentale, ses changements de flow, l’utilisation de sa voix (« Megatron » était déjà une belle mise en bouche), tirée parfois à la limite du soutenable… Tout est amélioré et ce step-up se fait en parallèle d’un Dioscures en pleine maîtrise de ses productions. Le MC nous emmène dans un nouvel espace, là où il est roi : sa « Trinityville ».
En 2020, Laylow est prêt à tout écraser et à glisser sur le rap français comme sur les jambes de sa « Trinity ».