Récemment, une annonce a fait grand bruit dans le monde des certifications musicales à l’international. Les vues des vidéos Youtube seront désormais comptabilisées dans les streamings comptant pour l’obtention de disques de certifications. Cependant, il s’agit d’une nouvelle mesure concernant uniquement les Etats-Unis. En France, aucun changement n’est à prévoir à court terme. Mais alors, à quoi correspondent ces disques d’or, de platine et consorts ?
Un disque de certification est attribué à un artiste lorsqu’un album ou single atteint un certain nombre de ventes. Ces récompenses ont énormément évoluées ces dernières années et s’imposent aujourd’hui comme un élément incontournable de l’univers du rap et de la musique en général.
Les certifications sont mises en place afin de récompenser les projets en fonction de leur réussite commerciale. Trois seuils sont planifiés : or, platine et diamant. Le disque d’or est attribué à 50.000 équivalents ventes, le platine à 100.000 équivalents ventes et le disque de diamant est décerné à 500.000 équivalents ventes. En ce qui concerne les singles, le single d’or est atteint à 15 millions équivalents streams, 30 millions pour un single de platine et enfin 50 millions pour un single de diamant.
En France, ces paliers sont établis par la SNEP (Syndicat National de l’Edition Phonographique), et c’est elle qui assure la certification des différents projets. Aujourd’hui, et depuis peu, le nombre de ventes d’album ou de single comptabilise les ventes physiques, les téléchargements ainsi que le streaming. Ce dernier, pris en compte à partir du 1er janvier 2016, a bouleversé les règles de certifications : c’est un nouveau modèle de consommation de musique.
Ainsi, la politique s’est durcie ces dernières années, notamment sur le streaming. Aujourd’hui, seules les écoutes des abonnements premiums sont recensées, et les paliers de certifications sur les singles ont subi un réajustement à la hausse de 50%. Les raisons ? Des certifications trop nombreuses qui dévalorisaient les trophées or, platine et diamant, et pour contrer les suspicions de tricherie qui planaient sur les ventes des albums de rap.
En 2019, le rap français a montré une fois de plus sa domination sur la planète musique. A lui seul, le style représente 62% des disques certifiés en France en 2019, avec notamment deux disques de diamant (Cyborg de Nekfeu et Du phoenix aux étoiles de Soprano) et vingt-six de platine. Chiffre encore plus impressionnant, 78% des certifications de singles proviennent du rap français (206 singles d’or, 65 de platine et 30 de diamant) !
Le sujet est devenu récurrent dans le rap français: le streaming nous a mené à une ère où l’on juge davantage les ventes que la qualité d’un projet. Les certifications sont aussi un moyen de reconnaître le travail d’un artiste, et viennent récompenser les projets et le succès auprès du public. Énormément de rappeurs y font allusions dans leurs morceaux, comme Ninho :
« Mama me disait dans la musica y’a pas de futur, mais les disques d’or accrochés sur l’mur font que j’la rassure » (Ninho — « Rose »)
« On rêvait du diamant, on a fait trois fois platine on va pas s’en plaindre » (Ninho-« Coffrer »)
En juin dernier, Jul a même fait de ses certifications la cover de son album Rien 100 Rien.
En 2019, trois mastodontes du rap français Nekfeu, PNL et Ninho ont leur place sur le podium des plus gros vendeurs d’album, et pas seulement en France. Avec respectivement Les étoiles vagabondes-expansion, Deux frères et Destin, Nekfeu, PNL et Ninho ont réalisé des scores historiques avec des quadruple platines pour les premiers cités et un triple platine pour Ninho. Nul doute que ces trois projets finiront disque de diamant en moins d’un an. Depuis la mise en place des certifications en France, le rap français compte 16 disques de diamants, le premier ayant été obtenu par Iam avec le mythique L’Ecole du micro d’argent.
Cependant, rappelons que les certifications ne sont que des récompenses données en fonction des scores de ventes, et ne sont techniquement pas liées à la qualité intrinsèque d’un projet. Une chose est sûre, l’appréciation d’un projet est et restera subjective, qu’importent les récompenses.