Avec « 1123 », BJ The Chicago Kid sort un troisième album marquant. Dans une scène sous représentée, l’artiste rassemble les influences et crée la carte de visite idéale de la musique de la cité des vents.
Hello la mif! Content de vous retrouver pour un nouveau « Under The Radar », cette fois-ci pour l’album d’un artiste peu mainstream mais reconnu et pivot pour la culture, BJ the Chicago Kid.
Vous vous êtes déjà demandé si un jour, vous deviez envoyer un album aux aliens pour qu’ils découvrent le rap, quel serait cette oeuvre ? Et bien aujourd’hui, c’est vous les aliens, et je vous invite à écouter 1123 et vous plonger dans l’univers hip-hop de Chicago, c’est parti !
Chicago, site de rencontre de courants d’air musicaux
Commençons par le commencement, la ville des vents porte bien son nom tant sa musique peut se résumer à un rassemblement de courants musicaux se transformant en tornade, une entité unique impossible à imiter. Reconnu pour son blues au début du XXème siècle, puis par son jazz, en passant par le gospel, le rock et bien entendu la house, originaire de la ville, la capitale de l’Illinois à su faire passer son bagage à la culture hip-hop, qui a émergée et atteint actuellement son âge d’or à l’heure où je vous parle.
Le hip-hop et le rap à Chicago, c’est une histoire de mélanges, de cultures discordantes qui finissent par s’associer chaotiquement.
Ayant toujours eu des artistes phares représentant fièrement la ville, le dernier en date se prénommant Kanye West, certains artistes talentueux n’auront peut-être jamais la chance d’avoir la lumière sur eux. C’est le cas de BJ The Chicago Kid.
BJ dans l’oeil du cyclone
Bryan James Sledge de son vrai nom est né en 1984 et a donc 36 ans aujourd’hui.
Si vous n’avez jamais entendu parler de lui, ce n’est pas vraiment étonnant. Peu mainstream, il possède cependant une influence et une réputation de véritable ponte du rap. Comment le décrire sinon comme un passionné insatiable de musique, généreux et désintéressé.
Pour se rendre vraiment compte de son influence, voici quelques artistes à qui il a donné sa voix et son inspiration sans être crédité de featuring ou d’autres droits sur le(s) morceau(x) :
Kendrick Lamar, A$AP Rocky, ScHoolboy Q, Dr Dre., Freddie Gibbs, Wiz Khalifa, Joey Bada$$, Vic Mensa, Chance The Rapper, Busta Rhymes, MF Doom, Lil Durk… La liste est encore très longue.
Ayant une voix caractéristique, avec une amplitude incroyable, BJ utilise sa technique de MC pour sublimer des toplines. Il les complexifie et amène une ambiance jazzy, RnB, nostalgique et très mélodique. Il n’y a qu’à voir le featuring avec Nekfeu, ou alors l’interlude « ROTC » de Kendrick Lamar qu’il effectue sans crédit, pour se rendre compte de l’étendue de son talent. Il n’est pas un pur produit rap et trouve réducteur l’affiliation, se rapprochant plus selon lui de la house et du RnB. Il est clair que si l’artiste a un background rap lié à Top Dawg Entertainment (K. Lamar, ScHoolboy Q, Jay Rock), sa musique très chantée s’apparente à du RnB. Plongeons-nous dans l’album pour voir ce qu’il en est.
1123 : À la croisée des vents
Voici un album qui est intriguant à la première écoute par la diversité des influences et de la musicalité proposée. Dans la lignée de The Life of Pablo, cet album se démarque par la singularité de ses productions. On retrouve des sonorités Pop des 80’s avec « Champagne », jazz avec « Feel The Vibe », électronique et gospel avec « Get Away », RnB avec « Time Today » ou « Can’t wait »… Et je pourrais continuer tant le seul lien qu’ont les productions est la voix suave et dansante de BJ.
Sachant s’entourer, l’artiste a pu compter sur Anderson .Paak, JID, Eric Bellinger, Rick Ross, Offset et Afrojack, entre autres. On retrouve beaucoup d’artistes rap, avant tout des amis à lui, et plus surprenant Eric Bellinger, grand compositeur de RnB et d’Afrojack, DJ EDM émérite, preuve de la versatilité de l’artiste.
Il est important de se plonger pendant l’écoute de cet album dans le contexte de la ville et de l’artiste. Après près de 20 ans dans l’industrie, BJ sait qu’il a déjà réussi du mieux qu’il le pouvait et qu’il ne sera sûrement jamais mainstream. A l’aube de la quarantaine, le Kid propose un album unique, expérimental, qui fusionne les influences, le produit de 36 ans de mélo-manie dans une ville aux courants divergents. La nature désintéressée de l’artiste à travers sa carrière donne de l’écho à cet album, comme une recette qui s’est affinée avec le temps, qui reste authentique mais qui se décline de nombreuses manières selon les ingrédients utilisés.
Au-delà des blockbusters de Kanye West, il existe une musique très authentique et chargée d’émotion sur la scène de Chicago. BJ, bien que discret de nature, est un personnage très important pour le rap de la décennie passée. Sa musique est pour moi une ambassadrice authentique des influences qui ont façonné le son si caractéristique de la scène du Nord de l’Illinois. Une excellente alternative aux (majoritairement exceptionnels) projets de Yeezy.
Voici pourquoi j’ai réalisé ce UTR sur cet album. Il est pour moi la meilleure carte de visite de la scène musicale si importante de Chicago. Je n’ai pas analysé de chanson précisément parce que c’est un album qui s’écoute en entier, qui va imprégner votre oreille de sonorités différentes, qui se complètent et se marient étrangement.
Je vous laisse sur ces quelques lignes ambiguës, en espérant que cela vous donne envie d’écouter 1123.
Prenez soin de vous.
You can have it all even my money (Even my money baby)
Got all my dogs laughin » ’cause it’s funny
I’m such a fool for you
Yeah all of this and I don’t even know her name.
F0X