Deux ans après la sortie de « Sans rêve », certifié disque d’or (50.000 équivalents vente) en moins de cinq mois, DTF revient avec un troisième album, « On ira où ? ». Samy Taouirt et Karim Azzouz, plus connus sous les pseudos de RTI et RKM, rappent ensemble depuis tout jeunes. Ils ont grandi dans le même quartier, la Cité Gagarine, à Ivry-sur-Seine. Après des années de collaboration, ils ont créé DTF, « Dans ta face ».
Ils sont les seuls artistes signés sur le label du groupe PNL, QLF Records. L’un des frères, N.O.S, est d’ailleurs le seul invité de l’album, dans le titre « Dans la ville ». Longtemps, DTF a été considéré comme le petit frère musical de PNL. Mais aujourd’hui, le groupe a pris de la maturité et s’affirme musicalement au fil des projets. On retrouve toujours des titres planants, avec une prod calme et futuriste et des voix autotunées. Mais dans ce troisième album, DTF se diversifie encore plus, avec des changements de rythmes et des enchaînements entre chanson et rap, entre sons dansants et calmes.
Cette évolution se retrouve dans les paroles du nouvel album. Les rappeurs y parlent de leur enfance, souvent avec nostalgie. « Flashback mélancolique, non rien n’a changé depuis tout ce temps ». Dans presque tous les sons, RTI et RKM évoquent la cité dans laquelle ils ont grandi et leur adolescence. « J’ai grandi dans la zone », « J’ai grandi dans la tess ». Cette période les a donc profondément marqués et a impacté les personnes qu’ils sont aujourd’hui, comme ils le disent dans le titre « Wey » : « J’suis pas celui que j’voulais être », « dur d’effacer le passé ».
Avec le temps et à force de travail et d’obstination, les rappeurs ont obtenu le succès. Mais malgré ça, ils n’ont pas bougé de là où ils ont grandi : « J’voulais mettre les voiles, les années sont passées, je me suis toujours pas cassé », expliquent-ils dans « Trou de boulette ».
Comme dans leurs précédents projets, des thèmes récurrents reviennent : la drogue, l’argent, mais aussi et surtout le regard des gens, les jalousies et les trahisons qu’ils ont pu subir. Jusqu’à se demander, dans le morceau Trou de boulette, « Qui sera là si y a une galère si y a un pépin ? ».
Mais surtout, l’album a pour fil rouge un événement qui a frappé la vie du duo. La mythique cité Gagarine, dans laquelle ils ont grandi à Ivry-sur-Seine, est en train d’être détruite. Les rappeurs lui rendent hommage dès le titre de l’album « On ira où ? » et dans le morceau éponyme. « Ils veulent détruire ma tour, c’est maintenant que ma cité craque », ajoutent-ils dans le titre « Dans la ville », faisant au passage référence au film classique de Jean-François Richet « Ma 6‑T Va Crack-Er ». Après avoir toujours vécu ici, les rappeurs se demandent où ils vont aller. « On ira où ? Là où le vent nous mène ? Non jamais, pas comme eux, pas mouton, j’suis un lion ». Les DTF s’affirment, et même s’ils ne prédisent pas le futur, ils vont continuer de travailler, comme ils l’ont fait ces dernières années, pour rester maîtres de leur destin.
Les compères de PNL ont évolué et développé leur style et leurs productions. Ils ont réussi à créer une réelle signature artistique. Avec près de 9000 équivalent ventes en première semaine, le duo a réalisé un bon démarrage, qui laisse imaginer que « On ira où ? » pourrait obtenir le disque d’or en moins de temps que leur précédent album « Sans rêves ».