Deux ans après la sortie de son superbe deuxième album East Atlanta Love Letter, 6lack nous revient avec un nouvel EP 6pc Hot Ep, à lire « 6 pieces hot EP », comme un pack de 6 wings de poulet. J’explique pourquoi, rassure toi.
Ce projet de 6 titres (comme le titre l’indique) rassemble tout ce que 6lack fait de mieux. On a de la balade romantique avec « Outside » mais il nous rappelle ses talents de kickeurs avec « ATL Freestyle » ou « Know My Rights ». 6pc Hot vous montre un bon panel du talent de 6lack si vous n’aviez jamais entendu parler de lui (mais quand même, allez écouter Free 6lack avant.)
On reste tout de même dans l’univers du rappeur d’Atlanta, avec une voix blasée, sans être monotone, sur des samples de guitares ou pianos, le tout parsemé de patterns de batteries tout droit sorties de la Zone 6. De plus, 6lack arrive toujours à surprendre et à s’améliorer pour ne pas devenir redondant.
6lack est entouré par de très bons producteurs comme FWDSLXSH (présent depuis son premier album), Nick Mira, London Cyr, mais aussi de noms plus connus ici comme Stwo sur « Long Nights » ou encore l’honorable Timbaland sur mon titre préféré du projet « Elephant In The Room ».
Parmi les collaborateurs autres que producteurs, on a un featuring avec celui qui s’impose comme le rappeur de l’année : Lil Baby. Ce dernier est présent sur « Know My Rights », avec son flow signature qui ne s’arrête jamais, et les somptueuses harmonies de la nouvelle princesse Soul Ari Lennox sur « Long Nights ».
Avec un entourage aussi talentueux, 6lack donne le meilleur de son talent avec ses punchlines remplies d’ego mais aussi de remords, en étant toujours aussi percutant :
» I fought the fight/Roll up the dice/Bet on my life/Paid the price/Take no advice »
(Je me suis battu / Lancé les dés / Parié sur ma vie / Payé le prix / Je ne prends pas de conseils)
Avec de très bons refrains qui parlent d’amour, de relations compliquées, bref, la complète :
« I know love come and goes/ i got so much love i can show/ but i got so much shit left to do »
(Je sais que l’amour vient et pars / J’ai tellement d’amour à montrer / Mais j’ai tellement de choses à faire) ).
La sauce sur la boite de wings de ce projet se trouve sur le site 6lackbox.com, où 6lack annonce qu’il s’apprête à vendre sa propre sauce piquante « 600 degrees » (à lire BOO dégrées, peut-être ?). Le site, qui reprend le style de dropbox, est rempli de sous-dossiers contenant différentes infos, photos, vidéos, etc.
On y trouve une pub du rappeur en studio testant sa sauce, des liens pour des concours permettant de gagner son produit, des photos de voyages mais surtout d’autres fichiers très intéressant :
En effet, à la sortie de ce projet, et jusqu’à l’écriture de cet article, justice n’a toujours pas été rendu pour Breonna Taylor, Ahmaud Arbery, Elijah Mcclain, et tellement d’autres noir.es américain.es tué.es au mains de la police. Dans un contexte social et humain aussi compliqué, sortir un EP accompagné d’une promotion pour une sauce piquante peut être mal amené.6lack s’en rends bien compte et nous écrit directement via un texte pour expliquer son point de vue, que j’ai traduit ici.
C’est aussi pour cela qu’on peut trouver un lien assez intéressant, que je vous conseille de visiter, intitulé « Black Owned Business ». Ce site rassemble de nombreuses entreprises crées et gérées par des personnes noir-américaines. Dans ces périodes où l’avenir d’une personne de couleurs est incertain, il est important de se soutenir et cela passe par ce genre de consommation (sans non plus atteindre une sorte de capitalisme noir, car même si le racisme est l’ennemi principal du moment, les inégalités sociales font tout autant partie du problème).
Je sais que cet article a pris un léger 180 mais en tant que personne noire je ne peux pas me permettre parler de rap américain sans parler des conditions de vie des personnes qui me ressemblent la bas. J’ai toujours essayé de parler des problèmes sociaux que soulève le rap US dans mes articles, et dans une période où le monde à l’air plus attentif, je me dois d’accentuer cette approche. Et je ferais ça en écoutant 6lack me parler d’Atlanta, de sa fille et des relations amoureuses sur des grosses 808.
#BlackLivesMatter
Love, Théo.